WeWork sauvé par la japonaise SoftBank
Le nouvel actionnaire majoritaire éjecte Adam Neumann, le grand patron et fondateur du géant du cotravail
NEW YORK | (AFP) La chute est violente pour WeWork : célébré il y a encore peu comme une des étoiles de l’économie du partage, le géant du cotravail a dû se résoudre hier à accepter l’offre de sauvetage de son actionnaire, au prix du départ définitif de son emblématique PDG.
Le C.A. de The We company, maison mère de WeWork, a accepté à contrecoeur une offre du groupe japonais SoftBank, prévoyant 5 milliards de dollars d’investissements supplémentaires en échange du contrôle de la société, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
SoftBank, qui détient actuellement 29 % du capital, en prendra le contrôle avec une participation d’environ 80 %, a précisé cette source.
Le plan de sauvetage de SoftBank, propriété du milliardaire nippon Masayoshi Son, implique le départ définitif de l’ancien PDG Adam Neumann, dont les frasques ont fini par lasser les milieux d’affaires et étaient devenues un repoussoir pour de potentiels investisseurs.
L’extravagant patron ne conservera plus qu’une petite participation au capital et abandonnera sa casquette de président du conseil d’administration, a-t-on précisé.
PRIX DE CONSOLATION DE 1,7 G$
Pour autant, il ne part pas les mains vides : une partie des 5 milliards, soit 1,7 milliard de dollars, lui sera reversée.
Sans cet apport financier, WeWork, relégué dans la catégorie des investissements spéculatifs par les agences de notation, se serait retrouvé à court de liquidités d’ici la fin novembre, estiment les analystes financiers.
WeWork, qui n’a pas souhaité faire de commentaires, devait officialiser ces changements à l’issue d’un conseil d’administration hier au cours duquel l’entreprise devait décider entre deux offres de sauvetage, dont l’une émanant de la banque
JPMorgan Chase.
Le sauvetage de WeWork illustre la déchéance d’une entreprise qui a vu trop vite les choses en grand, confortée par des investisseurs prêts à passer beaucoup de choses aux vedettes de la nouvelle économie.
Mais, comme avec Uber et
Lyft, les interrogations se sont multipliées ces derniers mois sur la capacité de WeWork à être rentable et à faire face au ralentissement économique mondial, l’immobilier étant souvent l’un des premiers secteurs touchés.
WeWork, dont les bureaux ultramodernes sont souvent situés au coeur des mégalopoles comme Londres ou encore New York, a ainsi été contraint de renoncer en septembre à ce qui devait être l’une des introductions en Bourse les plus attendues de l’année.
L’entrée à Wall Street aurait pu lui permettre de lever au moins 3 milliards de dollars et de bénéficier en plus d’une ligne de crédit de 6 milliards de dollars auprès de grandes banques.
En y renonçant, la société doit également sabrer dans les dépenses, notamment celles, luxueuses, de M. Neumann.
Réputé pour dépenser beaucoup d’argent afin d’alimenter sa rapide expansion, le groupe a encore accusé en 2018 une perte de 2 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 1,82 G$.WeWork devrait en outre lancer une grande restructuration comprenant la vente d’actifs non stratégiques et des suppressions d’emplois, selon des sources proches du dossier.
Rappelons que, en mai dernier, le bras immobilier de la Caisse de dépôt, Ivanhoé Cambridge, a investi 1 milliard $ US dans un partenariat avec WeWork.