Le Journal de Montreal

Andrew Scheer doit partir

- JOSÉE LEGAULT josee.legault@quebecorme­dia.com

Depuis l’affaire SNC-Lavalin, Andrew Scheer s’en est pris non pas aux idées de Justin Trudeau, mais à sa personne même.

Derrière son visage juvénile de scout le jour et de servant de messe le soir, Andrew Scheer s’est révélé être un démagogue de premier ordre. Comme quoi, les apparences sont parfois trompeuses. Le chef conservate­ur est un catholique pratiquant, mais s’il passait par un confession­nal ces jours-ci, l’expérience lui serait peut-être moins agréable.

Son recours répété à la désinforma­tion et à l’insulte personnell­e comme armes de combat électoral contre Justin Trudeau lui vaudrait sûrement un très long chapelet de prières à réciter en pénitence pour ses péchés politiques.

Depuis l’affaire SNC-Lavalin, Andrew Scheer s’en est en effet pris non pas au gouverneme­nt Trudeau, non pas aux idées de Justin Trudeau, mais à la personne même du premier ministre. À répétition, il l’a traité de menteur compulsif, d’hypocrite et de faux féministe. Il s’en est aussi pris à l’intégrité personnell­e de M. Trudeau.

PINOCCHIO DE VAUDEVILLE

Dans le faux scandale du blackface,

M. Scheer est même allé jusqu’à qualifier un déguisemen­t de jeunesse de M. Trudeau – lequel, soit dit en passant, n’était même pas un blackface –, d’« acte raciste ». Le Globe & Mail a aussi rapporté que le Parti conservate­ur du Canada aurait embauché une firme privée pour « détruire » la réputation de Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada et son ex-adversaire à la chefferie conservatr­ice. Andrew Scheer n’a pas nié la nouvelle.

Pendant qu’il traitait Justin Trudeau de menteur, le chef conservate­ur se comportait lui-même comme un Pinocchio de vaudeville. Il a juré aux Canadiens que le chef libéral planifiait de former une « coalition » avec le NPD s’il remportait une victoire minoritair­e. C’était faux.

Andrew Scheer a martelé que si son parti obtenait plus de sièges que les libéraux tout en étant minoritair­e, il pourrait exercer le pouvoir tout naturellem­ent. C’était faux. Jamais non plus il n’avait informé les Canadiens de sa double citoyennet­é canado-américaine.

RÉGIONALIS­TE

Comme chef de parti aspirant à diriger un jour le Canada, les problèmes de M. Scheer ne s’arrêtent pas là, tant s’en faut. Son français est terribleme­nt faiblard. Ce qui, on ne s’en sort pas, confirme son peu d’intérêt pour le Québec, sa langue et sa culture. Sa vision politique est également beaucoup trop régionalis­te.

Sa défense tous azimuts des intérêts économique­s de l’Ouest canadien et du pétrole albertain, combinée à son absence remarquée des grandes marches contre les changement­s climatique­s, a confirmé deux éléments majeurs. De un, il n’a pas l’envergure d’un leader pancanadie­n. De deux, il ne comprend rien, ou trop peu, à l’urgence climatique.

Pour toutes ces raisons, incluant son conservati­sme social troublant, Andrew Scheer, pour le bien de son propre parti, doit céder sa place. S’il s’accroche, les conservate­urs seront incapables d’élargir leur base au-delà de la droite dure héritée de l’Alliance canadienne d’avant sa fusion en 2003 avec l’ex-Parti progressis­te-conservate­ur.

Ce dont ce parti a besoin, c’est justement d’un retour à sa tête de son aile plus moderne dite progressis­te-conservatr­ice. Celle-là même qui, sous les Harper et Scheer, s’y est retrouvée complèteme­nt marginalis­ée.

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