Des mères bouleversées par le drame familial de Montréal
Les femmes affirment qu’il est possible de survivre même après une telle atrocité
La femme de l’homme qui a tué ses enfants avant de s’enlever la vie mardi soir à Montréal entamera bientôt sa « route vers la survie », estiment des mères ayant vécu des tragédies similaires, admettant que le chemin sera houleux, mais éventuellement lumineux.
« J’aurais juste envie de lui faire un câlin et de lui dire que ce sera difficile, qu’elle passera par toute la gamme des émotions, mais qu’elle pourra un jour revivre », confie Caroline Poissant, dont le petit Jérémie, 4 ans, a été retrouvé mort aux côtés de son père à l’hiver 2011.
Toutes les mères avec qui Le Journal s’est entretenu hier étaient anéanties. Certaines n’ont pas pu retenir leurs larmes en pensant à Hugo, 7 ans, et Élise, 5 ans, violemment tués par leur père Jonathan Pomares dans la maison familiale, rue Curatteau, dans le quartier Tétreaultville.
Après avoir entendu la nouvelle à la radio tôt mercredi, Marta Rzepkowska, qui a perdu son petit Adam, 10 mois, dans les mêmes circonstances à l’été 2015, a été prise de grandes chaleurs et ne se sentait physiquement pas bien.
« J’ai dû m’occuper toute la journée, dit-elle. Je n’étais pas capable de m’asseoir et de rester calme, j’avais constamment des en tête. »
UNE SECONDE À LA FOIS
Les femmes se souviennent des semaines suivant leur tragédie comme des moments de survie.
« Au début, tu essaies de continuer à respirer, se remémore Marie-Paule McInnis, dont les enfants ont été assassinés par leur père. Ensuite, tu prends ça une seconde à la fois, puis une minute, etc. C’est le chemin vers la survie qui commence pour cette femme-là. »
La mère de famille conserve un souvenir limpide du moment où elle a été hospitalisée pour un violent choc nerveux après avoir réalisé que son ex avait pris la vie de Justin, 2 ans, et de Jérôme, 7 ans, en incendiant la maison pendant leur sommeil.
« Je me souviens d’avoir demandé à mes proches de m’amener quelqu’un qui avait déjà vécu ce que je vivais, raconte Mme McInnis. Dans ma tête, c’était impossible que quelqu’un ait déjà vécu ça et soit vivant. »
30 ANS PLUS TARD
Son mari a beau avoir tué ses enfants il y a maintenant 33 ans, la douleur demeure aussi vive pour Huguette Archambault lorsqu’une telle tragédie se répète. Simon, 8 ans, et Claudie, 7 ans, avaient été trouvés morts intoxiqués au monoxyde de carbone avec leur père dans la voiture de ce dernier.
« Moi, du jour au lendemain, mes enfants n’existaient plus, souffle la femme, dont les blessures ont été partiellement pansées par la venue de ses petits-enfants. C’est possible de surmonter cela, mais ça demeure une cicatrice facile à ouvrir. »