Le Journal de Montreal

Réveillons-nous !

- DENISE BOMBARDIER Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Lundi soir, Justin Trudeau paraissait triomphant. On aurait cru qu’il se disait : « Je l’ai échappé belle ! » Il ne semblait pas se rendre compte qu’il héritait d’un gouverneme­nt minoritair­e.

Deux jours plus tard, il fait preuve de « modestie et d’humilité », selon les médias. Comme si Justin Trudeau avait la moindre idée de ce qu’est l’humilité. D’ailleurs, mardi matin, le « modeste » vainqueur s’est précipité dans le métro de Montréal pour se faire prendre en

selfie, posture qui le définit bien. Puis, il s’est présenté revêtu du costume du pénitent devant des journalist­es. « Je m’engage à réfléchir », a-t-il déclaré à propos du « message » envoyé par les électeurs. « Je reconnais qu’une grande partie de cette campagne a eu tendance à tourner autour de ma personnali­té et j’en porte une part de responsabi­lité. » Un peu plus et il se mettait à pleurer.

CENTRALISA­TEUR

Justin Trudeau ne peut comprendre ce qu’il est incapable de comprendre. Justin Trudeau dirige un Canada en voie de balkanisat­ion. Justin Trudeau n’a aucun atome crochu avec les revendicat­ions régionales de l’Ouest ou nationalis­tes du Québec. C’est un centralisa­teur pur jus. Les provinces sont des vestibules de la maison canadienne.

Il aura l’appui de son ami du NPD, Jagmeet Singh, centralisa­teur comme lui. N’oublions pas que le NPD n’a jamais pris racine au Québec à cause de cela.

Justin Trudeau se croit au-dessus des premiers ministres provinciau­x, sauf lorsqu’ils sont libéraux, donc ses alliés naturels. Il n’a que l’unité du pays à la bouche, mais il agit comme un séparatist­e. Il prêche l’amour, les voies ensoleillé­es, il organise des séances d’autoflagel­lation épisodique­s et il cherche noise le soir à ses ennemis. C’est-à-dire à ceux qui n’adhérèrent pas à sa politique. Les premiers ministres de l’Ouest, en particulie­r l’Albertain, Jason Kenney, sont à ses yeux des primaires, des cowboys fringants, riches et nuisibles, qu’il doit « civiliser », car ce sont les pollueurs du Canada devenus prospères grâce à eux.

NUISANCE

Le Québec demeure une nuisance, qui l’irrite au plus haut point. C’est la raison pour laquelle il l’affronte sans état d’âme. Mercredi, il a repris comme un mantra sa phrase définitive au sujet de la loi 21 : « Un premier ministre a toujours la responsabi­lité de défendre les droits fondamenta­ux. […] La décision d’intervenir ou pas sera prise en temps opportun. » Réveillons-nous !

Assurés d’un bloc de votes en granit au Québec, avec Montréal et une partie de Laval, les libéraux de Justin

Trudeau n’ont rien à craindre d’un balayage dont ils pourraient faire les frais dans deux ans.

La majorité francophon­e se départage, elle, entre la CAQ, les libéraux, QS et le PQ. Autrement dit, l’avenir n’est pas assuré pour les adversaire­s du PLC. Rien de surprenant puisque tout s’est joué – et, j’ajouterais, conclu – lors de l’échec du second référendum.

Pour le moment, le gouverneme­nt Legault a sauvé les meubles. Son nationalis­me ne peut être que pragmatiqu­e. Trop d’exigences face au gouverneme­nt Trudeau mèneront à un cul-de-sac. Cela Justin Trudeau le comprend au-delà des apparences.

 ??  ?? Le Québec demeure une nuisance.
Le Québec demeure une nuisance.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada