Des écoles qui font de petits miracles
L’école Sainte-Marie, à Princeville, est celle qui s’est le plus améliorée au Québec
PRINCEVILE | Une école secondaire du Centre-du-Québec est parvenue à faire un bond spectaculaire de 155 places dans le Palmarès du Journal en réaménageant complètement l’horaire des cours, afin de faire plus de place aux passions de ses élèves.
L’école Sainte-Marie, à Princeville, est l’exemple type d’un établissement qui fait autrement dans le but d’accrocher ses élèves.
Située dans une municipalité de 6000 âmes, la polyvalente voyait les jeunes du coin partir pour des établissements de Victoriaville, il y a quelques années, faisant craindre pour la suite.
« On remonte à 2011. Il fallait proposer quelque chose parce qu’il y avait des risques que l’école ferme à ce moment », raconte l’actuel directeur de l’établissement, André Bédard, en poste depuis quelques mois.
L’administration de l’époque a choisi de mettre en place un modèle novateur qui rapporte aujourd’hui ses dividendes : de toutes les écoles du Québec, Sainte-Marie est celle qui s’est le plus améliorée dans l’édition 2019 de notre palmarès.
Dans cette institution, les quatre périodes en classe ont été raccourcies de 15 minutes et concentrées en majorité le matin, ce qui a permis à la direction d’ajouter une cinquième période.
Cette dernière permet d’offrir des cours à option, qui rejoignent les passions des élèves.
« On voyait le privé faire un peu ce qu’il veut et on s’est demandé pourquoi, nous, on n’oserait pas », relate André Bédard.
LE TAUX D’ÉCHEC A FONDU
Hockey, santé globale, radio, cinéma, arts de la scène, sciences, improvisation, informatique, langues modernes, multisports, arts plastiques : les options sont nombreuses.
« Les jeunes en choisissent deux, qu’ils vont faire chaque jour en alternance lors de la 5e période », explique le directeur, constatant que la méthode permet aux jeunes de se découvrir.
À la suite de ces changements, l’école Sainte-Marie a effectué un bond de 155 places au palmarès du Journal.
Elle a vu son taux d’échec passer de 30 % à 8 % et le nombre de ses inscriptions passer de 180 à... 400 élèves !
De l’aveu même de la direction, l’établissement renaît.
AJUSTEMENTS RAPIDES
« Même en ayant amputé 60 minutes de contenu académique par jour, les résultats n’en souffrent pas, au contraire », souligne l’ancien directeur de l’école Hugo Brissette, qui a vu les effets de la transformation lors des deux dernières années.
« On réussit à garder nos jeunes en classe plus longtemps », dit-il.
Le modèle permet aussi de faire des ajustements rapidement si certains jeunes démontrent des signes de dérapage puisque la période destinée aux différentes options peut aussi servir à l’étude.
« Certains jeunes la choisissent par euxmêmes pour s’alléger la tâche, mais ça permet aussi de diriger ponctuellement des jeunes qui auraient des difficultés dans certaines matières », explique l’actuel directeur.
« J’ai des jeunes de secondaire 4 et 5 qui ne seraient pas rendus là s’ils avaient été à une autre école. Le modèle a permis de ne pas les échapper », assure M. Bédard.
SAUT DANS LE VIDE
Un tel revirement n’aurait pas été possible sans la participation des enseignants, qui ont dû accepter des changements majeurs, reconnaît la direction.
En plus de se faire retrancher 60 minutes de temps de classe par jour, les profs ont été mis à contribution pour la création des fameuses options.
« Ç’a été un gros travail de monter les options. Et après, c’est un feu roulant du matin au soir parce qu’il y a cinq périodes dans la journée. C’est exigeant et essoufflant pour les profs, mais tout le monde y a cru, même si c’était un saut dans le vide », se réjouit Hugo Brissette.
« Certains se sont même découvert des passions en donnant les options. C’est très valorisant, tant pour les élèves que pour les enseignants, ce modèle-là », ajoute André Bédard.