Voir aussi la chronique de Claude Villeneuve
C’est inspirant de voir les trouvailles d’inventivité déployées dans certaines écoles pour améliorer la réussite de leurs élèves.
C’est ce que le Palmarès des écoles du Journal nous permet d’apprendre ce matin, en mettant en valeur les établissements qui font pour le mieux en intégrant une forte proportion d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA).
Quand on parle d’éducation, au Québec, on connaît le discours ambiant : on nivelle par le bas. Les enseignants sont des fonctionnaires syndiqués qui ne font que se plaindre avec leurs trois mois de vacances par année.
Les directions d’écoles sont dépassées par les événements et manquent de ressources, lesquelles sont accaparées par les administrations.
NOS ÉLÈVES SONT BONS
Je suis toujours surpris, quand j’écris sur l’éducation, de voir comment les gens sont nombreux à tenter de me convaincre que les élèves québécois sont des cancres.
Nos jeunes sont en tête de pelotons dans les concours internationaux quand il s’agit de l’apprentissage de la langue maternelle ? C’est sans doute qu’ils ne sont pas aussi bons en mathématiques. On réplique qu’ils sont champions dans ce domaine également. On répond que c’est sans doute parce qu’ils utilisent des calculatrices, comme si on pouvait calculer des racines carrées à la mitaine.
On dirait que ça nous rassurerait de savoir que nos jeunes sont aussi creux qu’on a l’impression de l’être nous-mêmes.
Or, nos élèves sont bons et ils le sont de plus en plus, comme le constate l’Institut Fraser, qui n’a aucun intérêt à nous dorer la pilule et qui mesure une chute constante du taux d’échec depuis quelques années. Et s’ils s’améliorent, c’est nécessairement que ceux qui leur enseignent ne vont pas en s’empirant.
Les éducateurs du Québec ne sont pas fondamentalement méchants. Ils souhaitent tous la réussite de leurs élèves.
Dans une profession difficile où il n’y aura jamais autant de ressources que ce qu’on pourrait utiliser, ils donnent l’effort de plus pour bâtir de vrais milieux de vie. Comme à l’école des Rivières de Forestville, la meilleure au Québec avec plus de 30 % d’EHDAA, qui organise un réveillon de Noël pour ses jeunes.
Ce monde-là, ça ne travaille pas juste que les heures pour lesquelles il est payé, vous pouvez en être sûrs.
DES OUTILS FIABLES
Il est toutefois permis de penser que si tant d’établissements s’améliorent en révisant la manière dont ils organisent les horaires ou leurs méthodes d’enseignement, c’est notamment parce qu’on leur procure des outils fiables pour s’évaluer. Et si vous m’accusez de prêcher pour ma paroisse, je plaiderai coupable en vous disant que je crois que le Palmarès des écoles y contribue largement.
UN PEU FRILEUX
S’il y a un reproche qu’on peut légitimement se faire au Québec, c’est peutêtre celui d’être un peu frileux, si ce n’est complètement allergique, à tout ce qui ressemble à de l’évaluation et à la reddition de comptes.
Le Palmarès a beau ne plus recevoir le même barrage de critiques qu’à ses premières éditions, on le voit encore quand on parle d’évaluation des enseignants que certains assimilent à une forme de chasse aux sorcières le simple fait de s’offrir une rétroaction.
Pourtant, une social-démocratie bien menée et qui atteint ses buts, ça soustend nécessairement un examen de nos approches. On crée des services pour atteindre des résultats. Peut-on simplement s’assurer que ça marche ?
On fait la même chose quand on s’entraîne ou quand on planifie notre retraite. Pour la réussite de nos jeunes, peut-on faire preuve de la même vigilance ?
À voir le classement de ce matin, ça peut donner de bons résultats.