Huit ans pour avoir tué son bébé
La mère des Basses-Laurentides a caché les corps de deux autres poupons dans le sous-sol de sa résidence
La jeune mère de Sainte-Marthe-sur-le-Lac qui a tué son bébé naissant et caché les corps de deux autres poupons issus de grossesses antérieures, qu’elle a toutes dissimulées à son conjoint, a écopé hier de huit ans de détention.
Le juge James Brunton a entériné la sentence suggérée par la Couronne et la défense, même s’il demeure sceptique quant à la réhabilitation de l’accusée.
« La Cour est loin d’être convaincue que [Madame] n’aura pas recours de nouveau à sa stratégie de mensonge dans l’avenir », a tenu à souligner le magistrat, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Initialement accusée de triple meurtre, la jeune femme a plaidé coupable en juillet dernier à des chefs réduits d’homicide involontaire, de dissimulation de cadavres de deux enfants et de corruption de moeurs.
Celle que l’on ne peut nommer sur ordonnance du tribunal, puisqu’elle est aussi la maman d’une fillette de 4 ans, pleurait à chaudes larmes hier lors du témoignage de la mère de son ex-conjoint.
FAIRE ENTRER LE DIABLE
« [Nous] t’avons accueillie dans notre maison. Nous t’avons donné l’amour que tu affirmais ne jamais avoir reçu de tes parents, ta famille, tes ex-copains, seulement pour réaliser que nous avons laissé entrer le diable », a illustré la dame, en lisant une lettre rédigée en anglais.
« Ma plus grande peur est le jour où tu seras relâchée, sachant que tu répandras encore ton poison », a-t-elle ajouté.
Le père des enfants a quant à lui livré un témoignage hautement émotif hier.
« Elle est un danger pour la société et elle le sera toujours. Elle n’est pas violente, ce n’est pas une abuseuse, elle est bien pire. Elle est une menteuse et une manipulatrice », a-t-il laissé tomber.
L’accusée de 29 ans a été arrêtée le 1er novembre 2017, à Sainte-Marthesur-le-Lac,
dans les Basses-Laurentides.
Trois semaines plus tôt, la jeune mère s’était présentée à l’hôpital de SaintEustache pour une hémorragie vaginale.
La chirurgienne qui s’est occupée d’elle a constaté que sa patiente venait d’accoucher, ce que celle-ci niait.
Alertés par le personnel médical, les policiers ont fait une découverte troublante au sous-sol du domicile de l’accusée.
En plus du nouveau-né décédé, retrouvé emmailloté dans un drap à l’intérieur d’une marmite, les enquêteurs ont localisé les cadavres de deux autres bébés.
Dissimulés dans des sacs en plastique
laissés dans une cuve de lavage, le premier était squelettique alors que le second était en état de putréfaction.
Ils seraient issus de grossesses distinctes, remontant à une période comprise entre décembre 2014 et février 2017.
MENTEUSE
Les policiers ont pu établir que le père des enfants n’était pas au fait de la présence des petits corps dans son sous-sol, ni même des grossesses de sa conjointe.
« La preuve démontre de multiples façons que l’accusée a menti une grande partie de sa vie sur de nombreux sujets »,
lit-on dans le résumé des faits.
La jeune mère n’aurait toutefois pas de trouble psychiatrique, tel que la mythomanie, selon un médecin qui l’a évaluée.
« Comme les difficultés de madame semblent plutôt émaner des caractéristiques de son mode de fonctionnement général, on peut entretenir l’espoir qu’elle pourra améliorer ceux-ci en participant à une démarche thérapeutique spécifique s’adressant aux troubles de personnalité », a conclu le Dr Sylvain Faucher.
Vu la détention préventive de l’accusée, il lui reste environ cinq ans à purger.