La justice politisée par l’administration Trump ?
L’investigation sur l’enquête russe devient criminelle
WASHINGTON | (AFP) L’administration Trump était accusée hier d’instrumentaliser la justice en conférant un caractère criminel à une procédure administrative sur la genèse de l’« enquête russe », désormais close, mais qui continue de susciter la colère du président républicain, sous la pression d’une menace de destitution.
Jeudi soir, le a révélé, en citant deux sources proches du dossier, que cette investigation jusqu’ici administrative, supervisée par le ministre de la Justice Bill Barr, avait été transformée en enquête criminelle.
La nouvelle a encore alourdi le climat d’extrême tension politique à Washington depuis le lancement le 24 septembre par les démocrates d’une enquête au Congrès en vue d’une destitution de Donald Trump.
NOUVEAUX POUVOIRS
Le procureur John Durham, responsable de cette nouvelle enquête criminelle, a maintenant l’autorité de convoquer des témoins et d’émettre des injonctions visant à récupérer des documents.
« Je pense que cela devient très sérieux. Enquêter sur les enquêteurs [...] Des choses terribles se sont passées dans notre pays », a commenté Donald Trump.
« Si ces nouvelles sont avérées, elles soulèvent de nouvelles inquiétudes sur le ministère de la Justice qui, sous Barr, a perdu son indépendance et est devenu un moyen de vengeance politique pour Trump », a déclaré le parlementaire démocrate Adam Schiff, qui dirige l’enquête à la Chambre des représentants en vue d’une destitution de Donald Trump.
PARADOXAL
Dirigé par l’« Attorney General », le ministère de la Justice qui paradoxalement se retrouve maintenant à enquêter sur luimême et ses agissements passés a une tradition d’indépendance vis-à-vis le pouvoir politique lorsqu’il s’agit d’investigations pénales.
Mais Donald Trump avait limogé le prédécesseur de Bill Barr, Jeff Sessions, il y a un an, en lui reprochant de ne pas le protéger suffisamment dans l’enquête russe.
Le président a maintes fois réclamé une enquête sur les origines de l’enquête russe, selon lui une « chasse aux sorcières »