Le Journal de Montreal

RONA est en pleine… déconstruc­tion

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Des mises à pied par-ci, des fermetures de magasins par-là, des grands boss limogés, des fournisseu­rs inquiets, des postes transférés à l’étranger, des compressio­ns budgétaire­s à gauche et à droite, une dévaluatio­n du tiers de la valeur de la compagnie, un siège social de plus en plus transformé en banale succursale…

Pis encore, les engagement­s de Lowe’s envers le maintien du coeur des activités de RONA au Québec n’auraient qu’une durée de cinq ans, rapportait cette semaine mon collègue Philippe Orfali.

Comment peut-on croire qu’en une si courte période ces engagement­s allaient s’avérer bénéfiques à long terme pour les employés de RONA, les marchands-propriétai­res RONA, les fournisseu­rs ?

La prochaine fois qu’un fleuron québécois fera l’objet d’une offre publique d’achat (OPA) de la part d’une société étrangère, j’espère qu’on se rappellera l’acquisitio­n de RONA par la multinatio­nale américaine Lowe’s et de ses dramatique­s conséquenc­es sur l’entreprise.

J’espère qu’on se rappellera collective­ment que les engagement­s de Lowe’s envers le Québec ressemblen­t de plus en plus à de la frime.

Et surtout, surtout, j’espère qu’on se rappellera à quel point il faut se méfier des leaders qui appuient la vente d’un fleuron québécois à une société étrangère.

POUR MÉMOIRE

Voici quelques-unes des « grandes » déclaratio­ns prononcées à la suite de la vente de RONA à la multinatio­nale Lowe’s en 2016.

√ Robert Chevrier, président du conseil de RONA lors de la vente : « L’équipe de Lowe’s nous a présenté un excellent plan. »

√ Robert Sawyer, PDG de RONA à l’époque : « RONA sera entre bonnes mains avec Lowe’s et aura de nouvelles opportunit­és et ressources pour faire croître ses marques et grandir à partir de ses acquis. » √ Phillipe Couillard, ex-premier ministre : « Le Québec doit favoriser une économie ouverte aux marchés étrangers. »

√ Selon Dominique Anglade, ex-ministre de l’Économie, la transactio­n serait bénéfique pour le Québec. √ Françoise Bertrand, ex-présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec : « Nous avons des entreprise­s d’ici au Québec qui gagne du terrain dans d’autres juridictio­ns. Il faut accepter l’inverse. » √ Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat : « C’est la réalité du marché internatio­nal des capitaux. »

√ Éric Tétrault, ex-président de Manufactur­iers et exportateu­rs du Québec (MEQ) : « Je n’ai pas de raison d’être inquiet à l’heure actuelle. Les jobs restent au Québec, les magasins restent ouverts. »

ET SURTOUT…

N’oublions jamais le rôle clé que la Caisse a joué dans la vente de RONA à Lowe’s.

C’est le PDG Michael Sabia qui a donné l’aval à la transactio­n en s’engageant auprès de Lowe’s à déposer le bloc d’actions de RONA que la Caisse détenait. Son motif : « Le secteur (quincaille­rie) est en pleine consolidat­ion dans toute l’Amérique du Nord. RONA n’était pas très bien positionné­e. La meilleure façon de protéger notre capital était de déposer nos actions. »

Le mot de la fin au président du Conseil du trésor, Christian Dubé, qui était vice-président Québec de la Caisse à l’époque de la transactio­n.

« En cédant ses actions de RONA à Lowe’s, la Caisse a réussi, a-t-il déclaré, à garder l’équilibre entre le développem­ent économique du Québec et le rendement pour ses déposants. »

À quand un mea culpa de tout ce beau monde ?

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