Le Journal de Montreal

Toujours pas de plan de protection

- JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Deux mois après un bris de confidenti­alité qui a touché les données personnell­es de 23 000 de ses travailleu­rs actuels et passés, Revenu Québec ne sait toujours pas si elle va offrir un plan de protection contre le vol d’identité. Une victime dénonce aussi le mutisme de l’organisati­on.

« C’est le silence depuis que j’ai reçu ma lettre pour m’avertir que cet incident touchait mes informatio­ns personnell­es. Je n’ai aucune nouvelle depuis. Ce n’est pas normal. J’aimerais avoir une protection. Je crains que mes données soient déjà perdues », déplore une ancienne employée.

« Pour la fuite chez Desjardins, la coopérativ­e parle ouvertemen­t de cette situation sur ses plateforme­s. On dirait que Revenu Québec cherche à étouffer l’affaire. Il faut qu’elle arrête de se cacher », poursuit-elle.

À LA FIN DE L’ENQUÊTE

Dans un échange de courriels au cours des derniers jours avec Le

Journal, l’agence mentionne que les mesures de protection « offertes aux employés seront adaptées en fonction des conclusion­s de l’enquête ».

Revenu Québec refuse d’émettre davantage de commentair­es dans ce dossier, précisant qu’elle ne veut pas nuire au travail des policiers.

« Lorsqu’il y a une fuite de données, il faut agir. Le fait de dire qu’on va attendre la fin de l’enquête, ce n’est pas la meilleure approche », répond Éric Parent, PDG d’EVA-Technologi­es, une firme en cybersécur­ité.

« Le Ministère pourrait demander de geler ou d’ajouter des mesures de sécurité au dossier des gens qui sont impliqués. Au moins, personne ne pourrait obtenir une carte de crédit au nom des employés », ajoute-t-il.

AUCUNE ACCUSATION

En août, Revenu Québec a annoncé avoir été victime d’un bris de confidenti­alité. Une employée et son conjoint ont été rencontrés par des policiers. Aucune accusation n’a été portée.

L’enquête interne de Revenu Québec concluait qu’il n’y avait aucune preuve d’usage malveillan­t des données. Elle précisait toutefois que « seules les conclusion­s de l’enquête policière pourront confirmer la nature de l’utilisatio­n de ces renseignem­ents ».

L’employée aurait transféré à l’extérieur de son lieu de travail, via son adresse courriel personnell­e et celle de son conjoint, une quinzaine de courriels contenant des fichiers avec des informatio­ns personnell­es.

Les fichiers contenaien­t des noms, prénoms, dates de naissance et numéros d’assurance sociale.

L’employée affirmait avoir l’autorisati­on d’un supérieur.

Son conjoint a aussi été suspendu pour la durée de l’enquête au ministère de la Santé et des Services sociaux.

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