Le Journal de Montreal

Des soldats américains vont protéger le pétrole

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WASHINGTON | (AFP) La nouvelle stratégie de Donald Trump en Syrie, qui est désormais de protéger les champs pétroliers de l’est du pays avec les combattant­s kurdes, est jugée peu réaliste, et la légalité en est douteuse, selon les experts.

« Nous sommes en train de prendre des mesures pour renforcer notre position à Deir Ezzor pour interdire l’accès aux champs pétroliers » aux djihadiste­s du groupe État islamique (EI), a déclaré hier le ministre américain de la Défense, Mark Esper.

Le Pentagone « est en train de renforcer cette position, et cela inclura des forces mécanisées », a ajouté le chef du Pentagone, interrogé à Bruxelles sur l’envoi possible de chars de combat.

« PETIT NOMBRE »

Après avoir annoncé le 6 octobre le retrait du millier de militaires américains encore déployés dans le nord-est de la Syrie, laissant le champ libre à une opération militaire de la Turquie contre les forces kurdes alliées de Washington dans la lutte anti-jihadiste, le président américain a annoncé mercredi qu’un « petit nombre de soldats » américains resteraien­t en Syrie, « dans les zones où il y a du pétrole ». « Nous avons sécurisé le pétrole, a-t-il affirmé. Nous allons le protéger et nous déciderons de ce que nous en ferons pour l’avenir. »

Jeudi, le Pentagone a confirmé l’envoi de renforts pour protéger les champs pétroliers, sans préciser l’ampleur du dispositif.

REVIREMENT TOTAL

Officielle­ment, l’idée est d’empêcher l’EI de s’emparer des plus grands champs pétroliers du pays aujourd’hui contrôlés par la coalition arabo-kurde des Forces démocratiq­ues syriennes (FDS) dans la province orientale de Deir Ezzor.

Mais cette nouvelle stratégie représente un revirement total pour les États-Unis, qui justifiaie­nt jusqu’ici leur présence sur le sol syrien, contre la volonté du président syrien Bachar al-Assad, par la lutte contre l’EI, indique Nick Heras, du Center for a New American Security. Pour cet expert, l’administra­tion tente de « prendre les meilleures ressources pétrolière­s du pays en otage et de s’en servir comme monnaie d’échange […] afin de forcer le régime d’Assad et ses protecteur­s russes d’accepter les exigences des États-Unis » lors du règlement politique du conflit syrien.

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