HENRI REMONTE LE MORAL DE MAURICE
« Si les Canadiens étaient prêts à gagner en 1955, rien n’allait les arrêter en 1956. À la fin de la saison 1954-55, Dick Irvin père fut congédié et remplacé par Hector “Toe” Blake. »
« Scotty avait observé les Canadiens l’année précédente, avant que tous les morceaux soient en place, et avait assisté à ce fameux match où tout s’était effondré, après la suspension du Rocket, alors que la tête du classement et le titre de meilleur compteur de Richard s’étaient envolés avec les gaz lacrymogènes et les émanations de la bombe fumigène qui avait visé Clarence Campbell. »
« Les jeunes joueurs devenaient meilleurs ; ceux qui étaient légèrement plus âgés — Jean Béliveau, Bernard Geoffrion, Dickie Moore, Jacques Plante — passaient au premier plan ; les plus vieux — le Rocket, Doug Harvey — venaient à peine de traverser leurs meilleures années, sauf peut-être Émile Bouchard.
“Ils avaient deux trios capables de marquer des buts. Béliveau et Geoffrion avaient des tirs redoutables.” »
« Le Rocket filant vers le but adverse était une chose élémentaire.
“Il était extrêmement solide sur ses patins, se rappelle Scotty, avec encore de l’admiration dans la voix. Les gars s’appuyaient sur lui, mais il poursuivait sa course vers le filet. C’était un joueur coriace. Gordie Howe était plus massif et il était aussi coriace, mais le Rocket était vraiment robuste. Il était tellement compétitif. Il n’avait peur de personne. Il était explosif. Il a été souvent victime de manoeuvres illégales et il avait ce sale caractère. Je dirais que je n’ai jamais vu un joueur si déterminé.”
D’une façon ou d’une autre, il qu’il marque. »
« Maurice Richard était l’aîné d’une famille de huit enfants ; Henri était l’avant-dernier. Maurice avait 15 ans de plus qu’Henri, lequel n’avait que 6 ans lorsque l’autre joua son premier match avec les Canadiens. Une génération ou presque les séparait. Aucun des deux ne parlait beaucoup à l’autre (ni à qui que ce soit). Ils ne semblaient pas très proches. En fait, ils semblaient presque s’éviter. Un Richard n’a pas besoin d’aide ; un Richard ne veut pas d’aide.
Mais Henri n’en demeurait pas moins le frère de Maurice et Maurice n’avait pas beaucoup d’amis. Au camp d’entraînement, cette année-là, Maurice dut éprouver une certaine surprise en voyant Henri sur la glace pour la première fois.
“Je crois que lorsque son frère s’est joint à l’équipe, ça lui a remonté le moral, soutient Scotty. Parce qu’il avait 34 ans, je pense que ça l’a dynamisé de voir Henri arriver et jouer pour les Canadiens.” »
« Durant la saison 1955-1956, Scotty travaillait encore chez Sherwin-Williams et dînait hâtivement afin d’assister à des
séances d’entraînement des Canadiens.
Mais son patron ne lui demandait pas toujours d’aller chercher les bons de commande à l’entrepôt de LaSalle, de sorte qu’il ne pouvait pas aller au Forum aussi souvent qu’il l’aurait souhaité. Mais il eut l’occasion de voir Toe Blake à l’oeuvre. “Il dirigeait de bons entraînements”, dit Scotty. »
« Scotty ne se présentait pas au Forum pour être remarqué, mais on le remarquait quand même. Dick Irvin le saluait. Il connaissait déjà un peu Moore. Les plus vieux joueurs ne le connaissaient pas, mais ne pouvaient ignorer la présence assidue de ce jeune homme. »
« Quand Scotty pénétrait dans le bureau de Blake, celui-ci compilait ses papiers. “Son bureau était encombré, parce qu’il y avait des sommaires de matchs. La ligue ne fournissait pas toutes les statistiques comme elle le fait aujourd’hui. Toe étudiait sans cesse une masse de documents.” »