Le Journal de Montreal

TENSION ENTRE DRYDEN ET BOWMAN

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« À un certain moment au cours de cette saison gagnante (1972-73), Scotty et moi avons eu un problème. Nous n’en avions jamais eu auparavant. Nous ne nous adressions jamais la parole plus d’une minute ou deux et généraleme­nt moins que cela, puisqu’il ne parlait jamais directemen­t à ses joueurs.

Mais nous nous comprenion­s et l’équipe allait bien, et lui et moi allions bien, donc il n’y avait pas de raison de parler davantage. Après la victoire des Canadiens en 1971 et avant que Lafleur n’émerge véritablem­ent, j’étais peutêtre le joueur le plus important de l’équipe.

Peut-être que ce qui s’est passé par la suite est attribuabl­e à ce sentiment ou peut-être est-ce parce qu’au moment où nous sommes devenus meilleurs, en 1972-73, mon importance était moindre.

Quoi qu’il en soit, il m’arrivait maintenant plus souvent, quand j’accordais un but, de frapper la glace avec mon bâton et de secouer la tête comme si je m’en voulais – c’est l’impression qu’en avaient les autres au début –, puis de jeter des regards furieux à mes coéquipier­s, comme si je les tenais responsabl­es, eux, de nos défaillanc­es.

Parce qu’ils n’avaient pas bien couvert l’adversaire. Parce qu’ils n’avaient pas réussi à sortir la rondelle de notre zone. Parce que – c’est le message que je lançais implicitem­ent – ils ne partageaie­nt pas les mêmes normes élevées que moi et ne s’en souciaient guère. Parce qu’ils m’avaient laissé tomber. Bref, je me comportais comme une diva.

Un jour, après une séance d’entraîneme­nt, alors que nous étions encore sur la glace, Scotty patina dans ma direction.

“Penses-tu que tu es trop bon pour cette équipe ?” me demanda-t-il, à sa manière dénuée de finesse. Il me parla des coups de bâtons que je donnais contre la glace, de mes regards furibonds, des propos mesquins que je tenais en entrevue après les matchs.

J’étais abasourdi. J’étais confus. Et j’étais en colère. En colère contre lui. En colère à cause de ce qu’il venait de me dire. En colère parce qu’il avait sans doute raison et que je le savais. Et je ne décolérera­is pas du reste de la saison. Lorsque nous avons remporté la coupe, la première de Scotty, et qu’il m’a donné l’accolade sur la glace comme il le faisait à tous les joueurs, je suis resté de marbre. »

 ??  ?? Guy Lafleur était la grande attraction dans la LNH et faisait la une partout en Amérique du Nord, comme celle du Sports
Illustrate­d le 7 février 1977.
Le masque et le style de Ken Dryden ont inspiré bon nombre d’artistes, comme on le voit sur le calendrier officiel 1976-77.
Scotty Bowman notait tout dans ses carnets et calendrier­s de poche.
Guy Lafleur était la grande attraction dans la LNH et faisait la une partout en Amérique du Nord, comme celle du Sports Illustrate­d le 7 février 1977. Le masque et le style de Ken Dryden ont inspiré bon nombre d’artistes, comme on le voit sur le calendrier officiel 1976-77. Scotty Bowman notait tout dans ses carnets et calendrier­s de poche.

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