Le Journal de Montreal

DRYDEN RACONTE BOWMAN

- Denis Poissant Directeur des sports

Difficile d’imaginer plus grande rencontre au sommet pour la rédaction d’un livre sur le hockey : Ken Dryden qui raconte la carrière du plus grand entraîneur de tous les temps, son propre entraîneur dans les glorieuses années 1970 du Canadien,

Scotty Bowman.

Auteur réputé, gardien élu au Temple de la renommée du hockey, Dryden tenait à tout prix à écrire ce livre, et Bowman n’a pas hésité quand le projet lui a été présenté. Publié aux Éditions de l’Homme, Scotty, une vie de hockey d’exception,

raconte son parcours fascinant, et Le Journal vous en présente des extraits exclusifs.

C’est l’histoire d’un jeune qui a grandi à Verdun de parents immigrants écossais, un petit gars qui, comme tant d’autres à l’époque, se passionnai­t pour le hockey. Qui déjà à six ans, dans l’appartemen­t exigu du 732 de la 5e Avenue, trouvait le moyen de syntoniser l’appareil radio familial à la station WHDH de Boston pour écouter les matchs de ses favoris, les Bruins, vainqueurs de la Coupe Stanley en 1939.

SUR LES TRACES DE POLLOCK ET BLAKE

Une histoire personnell­e qui s’inscrit comme pas une dans la grande Histoire du hockey. À Montréal dans ces années-là ont aussi grandi de futures légendes, Doug Harvey à Notre-Damede-Grâce, Dickie Moore dans Parc-Extension, Gump Worsley à Pointe-Saint-Charles, ainsi que Dollard Saint-Laurent et Don Marshall à Verdun.

Bowman les a vus, les a connus, tandis que lui-même tentait de faire sa marque comme joueur sur les patinoires extérieure­s de la ville, avant d’être victime d’une attaque sournoise lors d’un match qui allait réorienter ses objectifs vers le métier d’entraîneur.

Le livre raconte comment Bowman, alors vendeur de peinture chez Sherwin-Williams, a fait la connaissan­ce des grandes figures de l’establishm­ent du Canadien Sam Pollock et Toe Blake, et, par son travail acharné, les a convaincus de son potentiel pour suivre leurs traces.

Le hockey allait dès lors devenir toute sa vie. Et lui, pendant des décennies, influencer­ait la vie des meilleurs joueurs de hockey au monde.

MÉMOIRE PHÉNOMÉNAL­E

« Scotty se souvient de tout à propos de tout, écrit Dryden. Il en sait plus que quiconque sur le hockey. Mais il veut toujours en savoir davantage. Personne dans le hockey n’a jamais vécu une vie comme la sienne. Ça n’arrivera plus jamais à personne. »

Neuf coupes Stanley, 1244 victoires en saison régulière. Des chiffres astronomiq­ues.

Mais comment arriver à bien raconter une si grande carrière ? Afin d’en ressortir les éléments les plus marquants, Dryden a demandé à Bowman d’identifier les huit plus grandes équipes de tous les temps, à ses yeux.

Des équipes qu’il a soit dirigées, soit affrontées, ou des équipes qu’il a vues évoluer en tant que spectateur attentif, dans sa jeunesse. Comme les fameux Red Wings de 1951-52 : « Ils étaient simplement trop forts, raconte Dryden. Et Scotty a été témoin de tout cela [la montée en puissance des Wings à partir de 1947] avec son précieux laissez-passer. Il a vu Gordie Howe, massif et dégingandé comme un gamin, qui même à 19 ans semblait toujours savoir où aller sur la glace et quoi faire.

Il a vu Ted Lindsay à 22 ans, une minuscule

force aggravante qui filait à toute vitesse partout et où il le voulait, comme si la patinoire lui avait appartenu, son bâton élevé devant lui – plus une arme qu’un outil –, qui le précédait toujours.

Scotty a vu Red Kelly à 20 ans, qui commençait à faire ce qu’aucun défenseur avant lui n’avait fait, ce que selon les sages du hockey personne ne devrait faire : quand Kelly transporta­it la rondelle, il poursuivai­t son chemin et s’y maintenait ; il faisait des jeux, préparait et comptait des buts. Scotty les a tous vus devenir Gordie Howe, Ted Lindsay, Red Kelly, samedi soir après samedi soir, en personne au Forum.

Mais il ne savait pas encore, au moment où il observait, apprenait et s’émerveilla­it, que des années plus tard, lorsqu’il ne serait plus un gamin de Verdun qui assistait aux matchs debout, loin de la glace, derrière les sièges bleus, lorsqu’il serait devenu le fameux Scotty Bowman, l’entraîneur des Red Wings, Howe, Lindsay et Kelly deviendrai­ent ses grands amis. Ils voudraient lui parler, et il aurait tant à dire, et ils auraient tant à se dire les uns aux autres. »

Et Bowman en a eu beaucoup à dire à Dryden. Le résultat est passionnan­t.

Bonne lecture !

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Bowman en pleine action derrière le banc du Canadien.

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