Le Journal de Montreal

Un pharmacien véreux coule le nouvel acheteur

Il faisait des rabais illégaux en échange d’argent comptant

- AMÉLIE ST-YVES

Un pharmacien du secteur Notre-Dame-deGrâce, à Montréal, vendait frauduleus­ement tellement de médicament­s que son commerce n’a pas survécu quand le propriétai­re a changé.

Irving Saffran exploitait depuis 1964 une pharmacie fondée par son père sur la rue Sherbrooke Ouest.

Il a vendu son commerce pour environ 2 M$ au pharmacien Noël-Alexandre Bertout, en juin 2014, mais les affaires se sont effondrées dans les mois qui ont suivi.

« [Irving Saffran] vendait des médicament­s au rabais à une partie importante de la clientèle, qui payait comptant, et l’abandon de cette pratique par l’acheteur a eu pour effet de plomber les ventes au point de rendre l’exploitati­on de la pharmacie impraticab­le », relate un jugement de la Cour supérieure rendu le 22 octobre, qui a conclu que la pratique illégale n’était pas un vice caché dans cette affaire.

ARGENT LIQUIDE

M. Saffran offrait ce type de rabais contre des paiements en argent liquide à près du quart de sa clientèle. Le nouveau pharmacien y a mis fin quand il a pris possession de la pharmacie.

« Bertout ajoute qu’il a perdu toute la clientèle extérieure du quartier, car celle-ci lui indiquait que “Si c’est le même prix qu’ailleurs, on ira plus près de chez nous” », souligne la décision du juge Lukasz Granosik.

Le nombre d’ordonnance­s préparées s’est mis à chuter, passant de 4500 en juin 2014 à 2600 en novembre de la même année. Le nouveau propriétai­re a mis la clé dans la porte en juin 2015.

Noël-Alexandre Bertout savait que le précédent propriétai­re offrait de tels rabais contre de l’argent comptant, mais en ignorait l’ampleur, selon le jugement.

PROBLÈME IGNORÉ

Les deux hommes avaient d’ailleurs conclu une entente dans laquelle M. Saffran s’engageait, dans une certaine proportion, à ajuster le prix de sa pharmacie advenant une baisse d’achalandag­e dans l’année suivant la transactio­n.

« Bertout a sciemment choisi d’ignorer ou de banaliser le problème et s’est satisfait de la clause d’ajustement de prix », a souligné le juge.

Le nouveau propriétai­re n’a cependant pas eu à payer six mois de loyer pour résiliatio­n de bail ou à indemniser Irving Saffran et sa conjointe pour dommages moraux.

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