Le Journal de Montreal

Des proches endeuillés veulent parler à la ministre

Une jeune s’est suicidée après avoir dénoncé le manque de soins en santé mentale

- ALEX DROUIN Collaborat­ion spéciale

Les proches d’une jeune femme qui décriait le manque de services en santé mentale avant de s’enlever la vie tentent d’empêcher que d’autres drames se produisent.

« Je regardais une émission où un parent serrait son enfant dans ses bras et je me suis dit que plus jamais je ne vais connaître ça », raconte, la gorge nouée, Maryse Dionne, la mère d’Émilie Houle.

Sa fille de 23 ans est morte dans son appartemen­t de Trois-Rivières, quelques jours après avoir passé une nuit à l’hôpital, puis être ensuite renvoyée chez elle avec une dose plus forte de médicament­s pour soigner sa douleur de vivre.

La mère attend depuis six mois pour rencontrer la ministre Danielle McCann afin de « faire changer les choses ».

Le 14 mai, l’attachée politique de la ministre McCann avait envoyé un texto à l’ex-conjointe d’Émilie, Mollie Ferron, l’avisant qu’elle « souhaitait entrer en contact avec elle et la maman […] pour une rencontre ».

Leur échange de textos s’est finalement soldé par un « nous devons regarder l’agenda de la ministre, mais ce ne pourra pas être aujourd’hui ».

L’attachée de la ministre McCann, Sonya Cormier, a finalement contacté Mme Ferron mercredi dernier, soit la même journée que Le Journal l’a contactée afin de savoir pourquoi la rencontre n’a jamais eu lieu.

Mme Cormier a donc invité les deux femmes à assister au forum Adultes et santé mentale, qui se tiendra à Québec lundi et mardi (28 et 29 octobre), auquel assistera la ministre.

Au moment d’écrire ces lignes, elles ignoraient si elles pourraient y être étant donné l’invitation de dernière minute.

MANQUE DE RESSOURCES

Avant de passer à l’acte, Émilie Houle avait écrit un long message publié sur Facebook qui dénonçait le manque criant de ressources en santé mentale. La missive avait été partagée plus de 66 000 fois en moins de 24 heures et récolté 10 000 commentair­es.

« J’ai vu des psychiatre­s, des psychologu­es, des médecins, mais aucun n’a vraiment été en mesure de m’aider réellement. J’ai toujours eu l’impression que pour eux, je n’avais aucun problème, que ce n’était pas prioritair­e », avait écrit l’infirmière.

Après le drame, sa mère avait confié au Journal qu’elle avait tout essayé pour trouver un endroit qui pouvait prendre soin de sa fille, en vain.

Les deux femmes souhaitent rencontrer la ministre pour qu’elle apprenne à connaître Émilie Houle, qui souffrait d’une grande détresse psychologi­que.

« Il est maintenant trop tard pour Émilie, mais il y en a d’autres qui sont dans le besoin », soutient Mollie Ferron.

« Je dirais à la ministre de mettre ses priorités à la bonne place, et qu’elle possède les contacts pour faire changer les choses », ajoute-t-elle.

Des propos qu’appuie la mère d’Émilie. « Si ma fille a écrit cette lettre, c’était pour dénoncer le manque de ressources pour les personnes comme elle, et elle souhaitait faire bouger les choses », soutient Mme Dionne.

Leur deuil est encore très difficile à faire, six mois après le décès d’Émilie.

« Ma première fête des Mères sans ma fille a été très difficile. Les gens ne savaient pas comment se comporter avec moi. Ils se demandaien­t s’ils devaient me souhaiter bonne fête, raconte Maryse Dionne. Pourtant, je suis encore une mère… »

 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ANDRÉANNE LEMIRE ?? Maryse Dionne et Mollie Ferron, la mère et l’ex-copine d’Émilie Houle, déplorent la difficulté d’obtenir des soins psychologi­ques.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ANDRÉANNE LEMIRE Maryse Dionne et Mollie Ferron, la mère et l’ex-copine d’Émilie Houle, déplorent la difficulté d’obtenir des soins psychologi­ques.

Newspapers in French

Newspapers from Canada