Le Journal de Montreal

Il faut que ça cesse !

- EMMANUELLE LATRAVERSE emmanuelle.latraverse@tva.ca

Elle se fait déjà traiter de « Barbie du climat ». Elle a déjà besoin de gardes du corps. Au lendemain de sa victoire à Ottawa, la ministre de l’Environnem­ent Catherine McKenna a vu son bureau de campagne vandalisé.

La pire insulte qu’on peut larguer au visage d’une femme, peinte en rouge dans la vitre. Et savez-vous ce qu’elle a fait ? Elle a passé la journée à donner des entrevues pour dire : « Assez, c’est assez ! »

Quel ne fut pas mon bonheur, le lendemain, d’entendre Sylvie Fréchette briser son silence sur sa cuisante défaite comme candidate conservatr­ice. Elle en a eu marre de se faire traiter de traître, de plante verte, de cruche vide, de se faire dire qu’elle ne méritait pas sa médaille d’or à Barcelone.

UNE DÉFERLANTE DE HAINE

Sylvie Fréchette a pris la parole pour ses filles. Pour leur montrer que non, les femmes d’aujourd’hui n’ont pas à subir en silence.

Sois blonde et tais-toi, hypocrite, grosse tarte, connasse, pute @ Justin Trudeau, salope @ PKP, il n’y a plus aucune limite au fiel largué aux femmes en politique (et ailleurs d’ailleurs).

Imaginez vous lever un matin et lire : « Je vous hais, je vous souhaite tout ce que la vie a de pire, car vous êtes une raciste et une conne ».

Depuis des années, députées et ministres se font dire d’ignorer ces insultes, d’encaisser, de surmonter. Sylvie Fréchette et Catherine McKenna nous disent enfin : «Çafera!»

Le pire, c’est que cette dérive misogyne n’est pas surprenant­e. Elle est le triste aboutissem­ent d’une polarisati­on à outrance du débat politique.

Quand un aspirant premier ministre se permet de traiter son rival de menteur et d’imposteur, quand son parti alimente des rumeurs scabreuses pour marquer des points, le mauvais exemple vient de haut !

LA POLITIQUE À QUEL PRIX ?

Se faire insulter par des ignorants n’a pas à être le prix de faire de la politique. Celui-ci est déjà assez élevé.

Sylvie Fréchette a adoré faire campagne, mais doute de vouloir se représente­r aux prochaines élections. Dommage. Sa sortie de vendredi a révélé une femme forte, intelligen­te, profondéme­nt engagée, lucide aussi quant aux travers de son parti.

La politique a besoin de femmes comme elle et Catherine McKenna.

Des femmes qui ont le courage de leurs conviction­s et osent dénoncer haut et fort la honte qu’on leur impose injustemen­t.

Se faire insulter par des ignorants n’a pas à être le prix de faire de la politique. Celui-ci est déjà assez élevé.

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Catherine McKenna
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