AUCUNE JOURNÉE DE CONGÉ
Les étiquettes collées au dos d’Alex Belzile sont nombreuses. Produit du midget CC du Basdu-Fleuve et débarqué dans la LHJMQ du Québec à 18 ans, il n’a jamais reçu le privilège d’être sélectionné à l’encan de la LNH. En passant par des racoins américains, son parcours lui rappelle chaque jour qu’il ne peut prendre une journée de congé.
« J’ai un parcours différent des autres. Je suis passé par la Ligue de la Côte Est (ECHL). Ça change beaucoup les perceptions. Il faut grimper les échelons. Et comme dans mon parcours mineur, j’ai toujours un challenge additionnel.
C’est de l’adversité, assure Belzile. À long terme, ça m’a fait du bien et ça m’a endurci. À 28 ans, les gens commencent à me découvrir. Je sais qu’avec le bagage amassé partout où je suis passé je serai récompensé un jour. »
Parmi ses nombreuses étiquettes, l’attaquant de 6 pi et 180 lb est particulièrement fier de porter celle de champion de la coupe Kelly, remportée avec les Eagles du Colorado, la filiale de l’Avalanche, au printemps 2017.
Ses 14 buts et 26 points durant ce périple éliminatoire ont mis la table à la suite de sa carrière. « Quand on évolue dans une équipe gagnante, on est davantage vu. C’est positif dans une carrière d’avoir l’étiquette d’un champion », témoigne celui qui était âgé de 25 ans lors de sa conquête.
La saison suivante, il est demeuré avec le Rampage de San Antonio, dans la LAH, cumulant 34 points. Il a ainsi fait son chemin jusqu’à Laval.
ÉTERNEL POSITIF
Bien que Belzile soit animé d’une énergie positive quasi irrationnelle par moment, comme il le dit si bien, son histoire aurait pu prendre une tournure différente à l’aube de la saison 2013-2014, qui l’a envoyé jusqu’en Alaska.
Après qu’il eut terminé sa première campagne chez les pros avec les Bulldogs, à Hamilton, une commotion cérébrale au camp d’entraînement l’a forcé à manquer cinq mois d’activités.
« Je croyais être monté dans la roue de la Ligue américaine. Tout allait bien et, soudainement, il fallait tout recommencer. J’ai perdu une année complète. Je suis retourné dans la ECHL à Gwinnett et, certains matchs, je n’étais même pas dans l’alignement. C’était très dur sur le moral », raconte celui qui a mis deux ans avant de revenir dans la LAH.
« Je suis resté positif, a-t-il soutenu. Je devais me convaincre que ce serait payant à long terme. J’avais 22 ans. Je savais que la route vers la LNH serait longue. J’avais du temps. »
DERRIÈRE CHAQUE HOMME…
Dans ce moment plus sombre où il n’a jamais baissé les bras et pensé à un plan B, il était solidement épaulé par sa copine, Marie-Christine Ouellet-Bélanger, avec qui il partage sa vie depuis son stage junior à Rimouski. Elle l’a suivi aux quatre coins de l’Amérique. Le 20 novembre prochain, ils célébreront d’ailleurs leurs neuf ans de vie commune.
« Elle sera contente que je me souvienne de la date, s’est exclamé Alex en blaguant. Elle m’a toujours encouragé et appuyé sans afficher un doute. Ma vie est le hockey. Elle veut que je fasse ce que j’aime en montrant une bonne attitude.
Je suis maintenant aux portes de la LNH. Je suis heureux et fier d’y être. Je suis en quelque sorte récompensé. »
MATURITÉ PAYANTE
Dans son parcours parsemé d’obstacles, Belzile affirme avoir appris de grandes leçons. Joël Bouchard estime que la maturité l’amène aussi à se surpasser. L’attaquant n’est pas au même point de sa carrière que les Poehling, Evans et Primeau.
« C’est son véritable gagne-pain. Le hockey, c’est sa job, sa vie », admet le volubile instructeur à propos de celui qui a signé un contrat à deux volets de la LNH de 175 000 $. « Il est passé d’un contrat de la ECHL à un contrat de la LNH. C’est pas mal plus intéressant.
Mais Alex ne joue pas pour l’argent, poursuit-il. Il sait comment ça fonctionne. Il n’est pas cave. Il est investi à 100 % dans ce qu’il fait. C’est pourquoi il accomplit bien son travail. »
Parmi les raisons des succès de Belzile, l’instructeur dénote sa capacité à accomplir ces petits détails dont on ne peut pas toujours s’apercevoir dans le feu de l’action. En les répétant correctement, il accroît son taux de réussite, et sa courbe de progression grimpe en flèche.
Bouchard ne peut prédire le futur. Il sait toutefois qu’Alex peut parvenir à la Ligue nationale en poursuivant sa progression et en travaillant sans relâche.