Le trophée de chasse de Trump
Le président Donald Trump y est allé fort pour décrire la situation
« Un animal sans courage », « mort comme un chien », « il criait, il pleurait, il gémissait » : le président américain Donald Trump n’a pas mâché ses mots en annonçant hier le succès d’une opération militaire pour tuer le chef de l’État islamique.
Le président des États-Unis a livré un récit détaillé du raid mené dans le nordouest de la Syrie où le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi a été acculé par les forces américaines, pour finalement se faire sauter dans un tunnel avec une ceinture d’explosifs (voir texte page 2).
Homme le plus recherché du monde, il était considéré comme responsable de multiples exactions et atrocités en Irak et en Syrie, ainsi que des attentats sanglants dans plusieurs pays.
« C’était quelque chose d’incroyable à regarder. J’ai pu le voir [...] depuis la
Situation Room. Nous avons vu l’opération avec beaucoup de clarté, c’était comme si vous regardiez un film », a raconté le président.
« Il n’est pas mort comme un héros, il est mort comme un lâche », a-t-il martelé.
Le ton employé par le 45e président américain lors de son allocution est tout le contraire de celui de son prédécesseur, Barack Obama, lors de l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden en 2011.
PLUS DE RÉSERVE
« Obama avait fait preuve de beaucoup de réserve parce qu’on ne voulait pas enflammer la situation, a analysé Rafael Jacob, chercheur à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. Trump a fait tout le contraire. [...] Sur le plan du décorum, ce n’est pas ce à quoi on est habitué. »
Selon l’expert en politique américaine, il s’agit d’une belle réussite militaire « qui arrive à un bon moment » pour Donald Trump : elle met fin à une chasse à l’homme qui dure depuis plusieurs années. Sauf que les effets sur l’opinion publique devraient être limités.
« Ça lui achète un peu d’espace politique pour respirer dans le dossier syrien, a estimé M. Jacob. Mais les médias américains vont arrêter d’en parler assez rapidement, [...] alors que la saga de la procédure de destitution va continuer de faire des vagues. »
« Mais Trump en 2015 avait promis de décapiter l’État islamique, c’est ce qu’il vient de faire », a-t-il ajouté du même souffle.
Or, le résultat de l’opération d’hier est le fruit de plusieurs mois de travail de la part des services secrets américains, qui ont travaillé étroitement avec les Irakiens et les Kurdes afin d’identifier la localisation de al-Baghadi, a rapporté le New York Time.
Plusieurs nations ont réagi en soutenant que le combat contre l’État islamique « n’est pas terminé », alors que des successeurs devraient prendre la tête de l’organisation terroriste.