Pour honorer la mémoire d’un jeune gai
Un militant réclame qu’une place publique soit nommée en l’honneur de la victime d’un meurtre homophobe
Un militant de la cause gaie souhaite voir la place publique de la station Frontenac nommée en la mémoire d’une victime d’un assassinat homophobe il y a 30 ans.
Au petit matin, le 19 mars 1989, le Montréalais Joe Rose et son ami Sylvain Dutil sont montés dans un bus de nuit de la Société de transport de la communauté urbaine de Montréal (la STCUM, devenue aujourd’hui la STM).
Pendant le trajet, ceux-ci se sont fait lancer des insultes homophobes puis violemment roués de coups par quatre jeunes hommes âgés de 14 à 19 ans. Alors que la bagarre dégénère, Joe Rose se fait poignarder à mort une fois l’autobus arrivé à la station de métro Frontenac.
« C’était une proie facile. Il avait les cheveux teints en rose et était amaigri par le sida », explique Matthew McLauchlin, militant Lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres, en questionnement (LGBTQ).
MOMENT MARQUANT
Son ami s’en tirera pour sa part avec des blessures mineures. Les quatre individus seront reconnus coupables de l’attaque ainsi que du meurtre de Rose, et écoperont de diverses sentences. Patrick Moise, le seul coupable majeur, recevra sept ans de prison. Les parents de Rose ont pour leur part reçu une compensation de 25 000 $ après avoir poursuivi la STCUM, car le chauffeur n’avait pas respecté le protocole d’activation des signaux d’urgence.
Cet événement a marqué l’imaginaire comme étant l’un des meurtres homophobes les plus violents que la métropole ait connus.
« Il y a eu plusieurs manifestations dans les mois suivant cet événement, ce qui a probablement mené à la descente policière brutale au party Sex Garage en juillet 1990 », estime M. McLauchlin. Ce dernier est persuadé que le meurtre haineux de Joe Rose a été un moment décisif dans la lutte contre l’homophobie au Québec.
DÉMARCHE
Une veillée visant à souligner le 30e anniversaire du meurtre de Rose s’est tenue en mars dernier au Collège Dawson, où le jeune homme étudiait et où il a d’ailleurs fondé l’association LGBTQ Etcetera, qui existe toujours.
Matthew McLauchlin y était et a récolté une trentaine de signatures sur une pétition pour exiger que l’espace situé entre la sortie du métro Frontenac et la rue Ontario, qui ne porte pas de nom, soit nommé en la mémoire de Joe Rose. Il est soutenu dans ses démarches par le frère de la victime, Geoffrey Rose.
M. McLauchlin compte faire cette demande à l’arrondissement de Ville-Marie lors du prochain conseil, prévu le 12 novembre.
La séance se tiendra d’ailleurs à la Maison de la culture Janine-Sutto, à deux pas du métro Frontenac.