Le rap québécois consacré
Le rap québécois a enfin la reconnaissance qu’il a longtemps désirée à l’ADISQ. Dix-sept ans après le coup d’éclat du collectif 83, Loud est devenu le premier rappeur de l’histoire à remporter le prestigieux Félix d’interprète masculin de l’année, hier soir, lors du 41e Gala de l’ADISQ.
C’est la consécration pour l’artiste de 31 ans, qui couronne une autre année remplie de succès au cours de laquelle il a donné deux concerts au Centre Bell.
« En principe, c’est un prix individuel, mais je tiens à le partager avec mes fidèles collaborateurs », a déclaré Loud, qui a été rejoint sur la scène par Ajust et Ruffsound.
Le rap québécois n’a jamais obtenu autant de visibilité lors du party annuel de la musique d’ici. Qui ont été les premiers à chanter ? Cinq rappeurs : Loud, Sarahmée, Souldia, FouKi et Koriass. Remis en ondes pour la troisième année de suite, le Félix de l’album hip-hop de l’année a été décerné à Alaclair Ensemble.
Tout un contraste avec le gala 2002, lorsqu’un groupe de rappeurs de Lévis s’était frayé un chemin jusqu’à la scène pour dénoncer l’absence du hip-hop au gala.
LAPOINTE S’EMPORTE
Hier, c’est Pierre Lapointe qui a dénoncé. Dans une envolée enflammée qui rappelait celle de Luc Plamondon en 1983, il a imploré les gouvernements à taxer les géants du web. « Il en va de notre survie », a-t-il pesté.
« Exigeons de nos gouvernements que la chanson et ses artisans soient enfin soutenus décem-renchéri ment », a Richard Séguin.
À l’animation, Louis-José Houde a été à la hauteur du standard qu’il a luimême établi depuis quatorze ans. Dès le départ, il est revenu sur les controverses du Gala 2018 causées par Mario Pelchat et Hubert Lenoir.
« Je ne peux pas croire que je commence le show en demandant de ne pas se rentrer le Félix quelque part », a lancé, en référence au Félix dans la gorge de Lenoir, l’humoriste, qui a aussi souligné la mort de Musique Plus et ri de ce que FouKi exige dans sa loge avant chaque concert.
ET DE TROIS POUR STRÉLISKI
Les autres grandes gagnantes de la soirée ont été Coeur de pirate, sacrée interprète féminine de l’année et récipiendaire du Félix de l’album pop, et Alexandra Stréliski. En plus d’être nommée à juste titre révélation de la dernière année, la pianiste, qui a fait tout un tabac avec son album INSCAPE, a réalisé un exploit en devenant la première artiste instrumentale à remporter le convoité Félix de l’auteure ou compositrice de l’année.
« Je suis partie de loin pour me rendre là, d’une période très sombre. Je veux dire aux gens qui vivent des périodes difficiles que le brouillard peut se dissiper, de ne pas hésiter à demander de l’aide et garder espoir parce qu’on peut avoir de belles surprises », a dit celle qui termine sa semaine de l’ADISQ avec trois Félix.
Autres premières : les premiers Félix en carrière pour Roxane Bruneau, chanson de l’année avec Des p’tits bouts de toi, et Bleu Jeans Bleu. Sensation du moment grâce à sa chanson Coton ouaté, le quatuor a été désigné groupe de l’année.
Moins chanceux, Les Louanges a mordu trois fois la poussière après avoir remporté trois Félix au Premier Gala, mercredi dernier.
Comme prévu, Éric Lapointe brillait par son absence, quelques jours après avoir été accusé dans une affaire de violence conjugale.