Le Journal de Montreal

Abraham Toro touche à son rêve

Le Montréalai­s savoure pleinement la Série mondiale chez les Astros

- François-David Rouleau FDRouleauJ­DM fdavid.rouleau @quebecorme­dia.com

WASHINGTON | Abraham Toro est au bâton en fin de 9e manche du match ultime de la Série mondiale au Minute Maid Park de Houston. C’est l’égalité entre les Astros et les Nationals. Deux coureurs sont sur les sentiers. Dans l’importance du moment, le redoutable Max Scherzer lance des balles de feu du monticule. Il en échappe une au centre du marbre et Toro la claque dans la stratosphè­re. Il est champion.

C’est évidemment un rêve de p’tit gars. Dans ce scénario imaginaire, un simple coup sûr gagnant aurait suffi. Peu importe l’identité du lanceur affronté ou l’uniforme porté.

La réalité est toutefois différente. Exclu de la formation de 25 joueurs par le gérant AJ Hinch, le Québécois vit tout de même chaque seconde de cette épopée automnale et son baptême de feu de la Série mondiale dans l’abri des Astros.

Comme façon de clôturer une saison recrue dans les ligues majeures, on peut difficilem­ent demander mieux. Ne seraitce de jouer chaque match et bien entendu soulever le majestueux trophée.

Toro se contente d’observer, apprendre et savourer les moments.

« C’est vraiment incroyable. L’intensité est si élevée. Le bruit est omniprésen­t. Les fans ne lâchent jamais », raconte le Québécois de 22 ans.

« Plus jeune, quand je rêvais à ça, je m’étais fait une idée moins impression­nante que ce que je vis depuis une semaine. Comme n’importe quel enfant jouant au baseball, je rêvais à participer à la Série mondiale et toucher le trophée.

« Même si je ne joue pas, je vis le moment avec mes coéquipier­s, enchaînet-il en entrevue avec Le Journal de Montréal dans l’abri de son équipe avant le match. J’ai mon chandail sur le dos, je vis l’ambiance et les mêmes émotions. C’est complèteme­nt malade. Que ce soit chez nous à Houston ou ici à Washington, c’est électrique. Dès que les fans entrent dans le stade, ils n’arrêtent pas jusqu’à la fin. »

DÉCEPTION

En véritable compétiteu­r, Toro aurait souhaité expériment­er la Série mondiale autrement, protéger le troisième coussin et frapper les offrandes des lanceurs des Nationals. Mais son gérant en a décidé autrement.

« C’est un peu décevant, car j’aurais préféré jouer pour aider l’équipe. Mais je comprends mon rôle même si ce n’est pas ce que j’avais planifié. C’est ma première saison. Je n’ai aucun regret, car c’est hors de mon contrôle », a relaté celui qui n’est pas apparu en séries.

Hinch l’a néanmoins rencontré avant le début de la Série mondiale pour lui expliquer sa décision. Bon nombre de joueurs ont participé à la conquête de 2017.

Mais on ne connaît pas ce que le destin peut réserver. Toro doit être prêt si jamais un joueur devait se blesser. C’est pourquoi il s’échauffe à l’entraîneme­nt avant chaque match. Il doit conserver sa routine.

Heureux de voir son équipe créer l’égalité dans la série, il pourrait vivre de précieux moments cette semaine si ses Astros mettent le grappin sur le trophée après avoir tiré de l’arrière 0-2 en lever de rideau.

SOUVENIR IMPÉRISSAB­LE

Toro a fait du chemin depuis le camp d’entraîneme­nt de la formation texane en Floride il y a sept mois. Il y avait laissé sa carte de visite en faisant excellente impression sur les dirigeants.

Le 22 août, il a fait le saut dans les majeures en étant rappelé de la filiale à Round Rock. Une semaine plus tard, il frappait son premier circuit dans les couleurs des Astros face à Emilio Pagan des Rays de Tampa Bay.

Et le premier septembre, il a vécu un moment inoubliabl­e au Rogers Centre de Toronto.

Sa claque de deux points en neuvième manche et son solide relais au premier but, bon pour le 27e retrait, ont confirmé le match sans point ni coup sûr de Justin Verlander. Une victoire de 2 à 0 et une accolade de l’as lanceur qu’il n’est pas près d’oublier.

« J’ai réalisé ce que j’ai fait quelques jours plus tard. C’était très spécial. Mon circuit et participé à cette performanc­e de Verlander, c’est gravé dans ma mémoire.

Sous peu, cette première saison sera derrière lui. Il aura appris que le talent ne suffit pas dans le baseball majeur. Il faut la constance et l’intelligen­ce sur le terrain.

Toro rentrera à la maison à Montréal pour traverser l’hiver.

Il relaxera quelques semaines avant de reprendre l’entraîneme­nt au Centre Claude-Robillard.

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