Le Journal de Montreal

Nathalie Normandeau voulait s’expliquer à l’UPAC

L’ancienne politicien­ne libérale a blâmé les policiers parce qu’ils ont renoncé à la rencontrer avant de l’arrêter

- ALEXANDRE ROBILLARD ET NICOLAS LACHANCE

En colère et en pleurs le jour de son arrestatio­n, l’ancienne ministre libérale Nathalie Normandeau a soutenu avoir offert de rencontrer l’UPAC pour s’expliquer, trois ans avant son arrestatio­n en 2016.

Ces révélation­s sont contenues dans le livre PLQ inc., écrit par notre Bureau d’enquête, qui est en librairies depuis hier.

Le 17 mars 2016, Mme Normandeau est arrêtée à son domicile par l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC), en même temps que six autres personnes. Parmi elles, se trouvent également des dirigeants du cabinet de génieconse­il Roche, dont l’ex-ministre libéral Marc-Yvan Côté.

Comme c’est le cas dans ce type d’opération d’envergure, les policiers procèdent simultaném­ent, au petit matin.

Dans la salle d’interrogat­oire où elle se retrouve, Mme Normandeau blâme les policiers pour leur refus de la rencontrer, ce qu’elle leur avait proposé quelques années avant son arrestatio­n. Les documents obtenus par notre Bureau d’enquête montrent qu’elle n’est pas la seule dans cette situation, parmi les personnes arrêtées avec elle ce jour-là. Mais elle est en colère.

Un enquêteur qui l’a arrêtée, constatant à quel point elle est bouleversé­e, notera dans son calepin qu’il craint pour son « bien-être » et sa « sécurité ».

Notre Bureau d’enquête a eu accès à des documents policiers qui racontent, minute par minute, cette journée durant laquelle l’ex-vice-première ministre répétera à plusieurs reprises que sa « vie est finie ». (Les principaux moments sont décrits ci-contre.)

POUVOIR DISCRÉTION­NAIRE

Ces arrestatio­ns, largement médiatisée­s, sont survenues dans le cadre des enquêtes Joug et Lierre de l’UPAC, qui s’intéressen­t à l’implicatio­n de la firme d’ingénierie Roche et d’autres entreprise­s dans le financemen­t du Parti libéral du Québec.

Selon les policiers, le cabinet de Mme Normandeau, alors qu’elle était aux Affaires municipale­s, a accordé des subvention­s à des projets impliquant notamment Roche.

L’UPAC note dans ses analyses que les contributi­ons politiques à Mme Normandeau ont doublé, de 2004 à 2007, « essentiell­ement » grâce à « du financemen­t par les firmes ».

Dans son témoignage devant la commission Charbonnea­u, en juin 2014, Mme Normandeau avait dû expliquer ses décisions de hausser des subvention­s dans une trentaine de projets d’infrastruc­tures reliés au traitement de l’eau, malgré les avis contraires de fonctionna­ires dans certains cas.

« Je ne pense pas que c’est abuser de son pouvoir discrétion­naire », avait-elle déclaré en faisant valoir que ses interventi­ons s’étaient limitées à 4,5 % des dossiers.

Par la suite, les enquêteurs poursuiven­t leur travail. Jusqu’à ce matin du 17 mars 2016, où la vie de Mme Normandeau bascule.

Trois ans et demi plus tard, Nathalie Normandeau fait toujours face à des accusation­s d’abus de confiance, de corruption et de fraude. Elle et Marc-Yvan Côté n’ont toujours pas subi leur procès.

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MARC-YVAN CÔTÉ
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NATHALIE NORMANDEAU Ancienne vicepremiè­re ministre MARC-YVAN CÔTÉ Ex-ministre

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