Le Journal de Montreal

Notre système est malade

- JONATHAN TRUDEAU

C’est avec un immense intérêt que je poursuivra­i au cours des prochains jours la lecture amorcée hier du livre-choc PLQ inc., rédigé par les excellents journalist­es du Bureau d’enquête.

Je sais que cet ouvrage suscite toutes sortes de sentiments au sein des troupes libérales. Ce n’est pas plaisant pour les députés et employés actuels, pas plus que pour les anciens. Personnell­ement, je fais partie du deuxième groupe. Il y a près d’une décennie que j’ai quitté la politique.

Ayant travaillé pour Nathalie Normandeau et également pour Jean Charest, je mentirais si je disais que je trouve très agréable de lire et entendre la multitude de soupçons qui pèsent sur mes deux anciens patrons. Bien évidemment, ni l’un ni l’autre n’a été reconnu coupable de quoi que ce soit. Madame Normandeau est en attente de son procès depuis deux éternités et monsieur Charest n’a jamais été accusé de quoi que ce soit.

ÉVIDENCES

TRUDEAU

Cela étant dit, il faudrait être totalement fou pour ne pas avouer qu’il y a eu de graves lacunes dans le financemen­t du PLQ.

Qu’il s’agisse de la commission Charbonnea­u, de la commission Bastarache, des nombreux reportages de journalist­es d’enquête ou encore des fuites d’informatio­ns provenant d’enquêtes policières, tout indique que certaines moeurs répandues étaient assurément condamnabl­es.

Je me garderai de porter un jugement sur les actions particuliè­res d’une personne ou d’une autre.

Tout d’abord parce que mon jugement pourrait être teinté de l’affection et du respect que je peux éprouver envers des gens que j’ai côtoyés parfois de très près, d’autres fois moins. Même si les liens qui m’unissaient jadis à ces personnes n’auront pas su passer l’épreuve du temps, il n’en demeure pas moins qu’ils pourraient alimenter chez moi une certaine naïveté.

Qui plus est, je n’ai nullement l’intention de me substituer à notre système de justice et ainsi juger de la culpabilit­é ou non de gens qui sont pointés du doigt.

SYSTÈME MALADE

Mais je dirai ceci, par contre. Ce que le travail ardu de mes collègues de QMI révèle, et ce sur quoi nous pouvons tous porter un jugement sévère et sans appel, c’est cette incapacité de notre système à aller au bout d’un processus. Qu’il s’agisse d’enquêtes policières qui tournent en rond, ou encore de procès avortés pour de mauvaises raisons ou qui n’en finissent plus d’être retardés, les exemples sont tellement nombreux qu’il est impossible de ne pas conclure à un système complèteme­nt sclérosé et dysfonctio­nnel.

Et c’est ça qui est révoltant. D’être incapable de savoir si des gens sont effectivem­ent coupables, ou s’ils sont innocents. De laisser des bandits courir, comme de maintenir dans l’opprobre d’innocentes personnes.

Même si ce n’est pas plaisant pour celles et ceux qui sont éclaboussé­s directemen­t ou indirectem­ent, à tort ou à raison, ce livre fait oeuvre utile en exposant les failles d’un système qui est malade et qui devrait être revu de fond en comble.

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Ce que le travail ardu de mes collègues du Bureau d’enquête révèle, c’est cette incapacité de notre système à aller au bout d’un processus.
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