Notre système est malade
C’est avec un immense intérêt que je poursuivrai au cours des prochains jours la lecture amorcée hier du livre-choc PLQ inc., rédigé par les excellents journalistes du Bureau d’enquête.
Je sais que cet ouvrage suscite toutes sortes de sentiments au sein des troupes libérales. Ce n’est pas plaisant pour les députés et employés actuels, pas plus que pour les anciens. Personnellement, je fais partie du deuxième groupe. Il y a près d’une décennie que j’ai quitté la politique.
Ayant travaillé pour Nathalie Normandeau et également pour Jean Charest, je mentirais si je disais que je trouve très agréable de lire et entendre la multitude de soupçons qui pèsent sur mes deux anciens patrons. Bien évidemment, ni l’un ni l’autre n’a été reconnu coupable de quoi que ce soit. Madame Normandeau est en attente de son procès depuis deux éternités et monsieur Charest n’a jamais été accusé de quoi que ce soit.
ÉVIDENCES
TRUDEAU
Cela étant dit, il faudrait être totalement fou pour ne pas avouer qu’il y a eu de graves lacunes dans le financement du PLQ.
Qu’il s’agisse de la commission Charbonneau, de la commission Bastarache, des nombreux reportages de journalistes d’enquête ou encore des fuites d’informations provenant d’enquêtes policières, tout indique que certaines moeurs répandues étaient assurément condamnables.
Je me garderai de porter un jugement sur les actions particulières d’une personne ou d’une autre.
Tout d’abord parce que mon jugement pourrait être teinté de l’affection et du respect que je peux éprouver envers des gens que j’ai côtoyés parfois de très près, d’autres fois moins. Même si les liens qui m’unissaient jadis à ces personnes n’auront pas su passer l’épreuve du temps, il n’en demeure pas moins qu’ils pourraient alimenter chez moi une certaine naïveté.
Qui plus est, je n’ai nullement l’intention de me substituer à notre système de justice et ainsi juger de la culpabilité ou non de gens qui sont pointés du doigt.
SYSTÈME MALADE
Mais je dirai ceci, par contre. Ce que le travail ardu de mes collègues de QMI révèle, et ce sur quoi nous pouvons tous porter un jugement sévère et sans appel, c’est cette incapacité de notre système à aller au bout d’un processus. Qu’il s’agisse d’enquêtes policières qui tournent en rond, ou encore de procès avortés pour de mauvaises raisons ou qui n’en finissent plus d’être retardés, les exemples sont tellement nombreux qu’il est impossible de ne pas conclure à un système complètement sclérosé et dysfonctionnel.
Et c’est ça qui est révoltant. D’être incapable de savoir si des gens sont effectivement coupables, ou s’ils sont innocents. De laisser des bandits courir, comme de maintenir dans l’opprobre d’innocentes personnes.
Même si ce n’est pas plaisant pour celles et ceux qui sont éclaboussés directement ou indirectement, à tort ou à raison, ce livre fait oeuvre utile en exposant les failles d’un système qui est malade et qui devrait être revu de fond en comble.