Le Journal de Montreal

Les réponses vides de Trudeau

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Justin Trudeau entreprend un second mandat. Je suppose que nous en sommes au moment de prendre de bonnes résolution­s. Il y a quelque chose qui mérite franchemen­t d’être dit : un très grand nombre des réponses qu’il fournit en point de presse sont vides. Au point où cela devient déplorable.

J’insiste sur vide. Des mots sans portée, des suites de mots dont on ne peut rien tirer. Une absence abyssale de la moindre substance. Des généralité­s tellement floues que certaines réponses pourraient s’appliquer à n’importe quel dossier. « Notre gouverneme­nt travaille fort pour améliorer les choses ». Oui, mais encore.

Je ne vous ferai pas sursauter en vous disant qu’un premier ministre doit parfois patiner. Parce que les circonstan­ces l’exigent, parce qu’une décision n’est pas encore prise, parce qu’il faut laisser retomber la poussière sur une crise avant de trancher. Tout le monde comprend qu’un premier ministre a trop de pouvoir pour donner ses opinions sur tout, à tort et à travers.

UNE HABITUDE

Il y a néanmoins une différence entre gagner un peu de temps sur un sujet et faire des phrases creuses sur tous les enjeux.

Je crois que sans s’en rendre compte, les journalist­es parlementa­ires d’Ottawa se sont habitués. Déjà que les premiers ministres à Ottawa sont assez peu disponible­s pour répondre aux médias, on finit par se contenter des phrases qu’on arrache lors de brefs points de presse. Et à force de côtoyer le même politicien, on finit par ne plus voir.

Personnell­ement, c’est une remarque de l’auteur Biz sur les réseaux sociaux qui m’a à la fois fait sourire et réfléchir. En écoutant la conférence de presse de lendemain

IL TRAVAILLE

d’élection du premier ministre réélu, il fut estomaqué par certaines réponses à la fois incompréhe­nsibles et dépourvues de contenu.

Mon constat, c’est que pour quiconque écoute les réponses de Justin Trudeau pour la première fois, le vide de plusieurs réponses étonne. Et le fait que personne ne creuse davantage pour décortique­r le sens de ses généralité­s étonne autant.

Puis il y a aussi l’enjeu du français. Plusieurs l’ont souligné avant moi, le premier ministre parle français sans accent, mais sa pensée est souvent structurée en anglais. Résultat : certaines phrases dans la langue de Molière sont difficilem­ent compréhens­ibles en plus d’être dépouillée­s de matière. En même temps, dire cela revient à dire que l’air est mal placé dans une chaudière vide.

À travers les phrases peu substantie­lles, un verbe sert de béquille universell­e : TRAVAILLER. Monsieur Trudeau travaille. Son équipe travaille. Quand il ne sait pas quoi faire avec un problème, il travaille. Quand il hésite entre deux options, il travaille. Lorsqu’il n’est pas complèteme­nt à l’aise avec le sujet, il va travailler. Quand le problème est plus grave, alors il travaille fort !

J’espère que dans le mandat à venir, il va travailler pour fournir des réponses avec un minimum de substance.

Sinon, les journalist­es devront le travailler davantage.

Justin Trudeau fournit souvent des réponses dénuées de toute substance.

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