Le projet de train de la Caisse risque de dérailler en Nouvelle-Zélande
Déjà des retards et une vive opposition de politiciens municipaux et nationaux
La toute première tentative de la Caisse de dépôt d’exporter le modèle du Réseau express métropolitain (REM) à l’étranger, en Nouvelle-Zélande plus précisément, suscite une vive polémique.
CDPQ Infra, la filiale responsable du REM, s’est alliée à la caisse de retraite néo-zélandaise NZ Super Fund, l’an dernier, pour développer un train léger de 5 milliards de dollars dans la métropole du pays, Auckland.
En décembre, la proposition du consortium était toutefois « à peine plus qu’une idée étalée sur six pages d’une présentation PowerPoint », a dénoncé l’ancien président du conseil d’administration de l’agence des transports de Nouvelle-Zélande, Nick Rogers, dans une lettre obtenue récemment par le site Stuff.
OFFRE NON SOLLICITÉE
Le NZ Super Fund et la Caisse ont imposé leur présence dans ce dossier. Depuis des mois, l’agence des transports travaillait ellemême à développer un réseau ferroviaire pour Auckland. Le gouvernement a finalement décidé de mettre les deux propositions en concurrence et se donne jusqu’en février pour choisir le gagnant. Les travaux ne pourront donc pas débuter en 2020, comme cela était prévu.
Reprenant une critique qui a été formulée à Montréal au sujet du REM, le maire d’Auckland, Phil Goff, a dit craindre que le train léger ne coûte plus cher s’il est financé par la Caisse et NZ Super Fund plutôt que par le gouvernement. « Ce n’est pas une solution magique », a-t-il affirmé au site Interest.
Un ministre néo-zélandais a déjà évoqué d’importants dépassements de coûts, ce qui pourrait inciter le parti New Zealand First, membre du gouvernement de coalition avec les travaillistes, à retirer son appui au projet.
LE PDG NE VEUT PAS PARLER
Interrogé par en marge d’un événement, la semaine dernière, le PDG de CDPQ Infra, Macky Tall, a refusé net de commenter le dossier.
Un porte-parole de CDPQ Infra, Harout Chitilian, a toutefois nié que la présentation faite en Nouvelle-Zélande se soit limitée à un document de six pages.
« Je réfute catégoriquement ça, c’est totalement faux », a-t-il martelé.
L’ancien élu montréalais a précisé que des « ressources dédiées » de CDPQ Infra travaillaient au projet néo-zélandais, mais il n’a pas voulu dire combien la Caisse a investi dans cette aventure jusqu’ici.
Il a assuré que les tiraillements à Auckland ne constituaient pas une distraction pour CDPQ Infra, qui éprouve par ailleurs des problèmes avec le REM, notamment en ce qui a trait au tunnel sous le Mont-Royal.
« La nécessité de livrer le REM à temps et au budget est prise en compte, donc on ne met aucunement en risque nos responsabilités ici », a insisté M. Chitilian.