Le test du réel
Simon Jolin-Barrette, l’über ministre responsable de l’Immigration, ne chôme pas. De sa Loi sur la laïcité de l’État à ses multiples réformes visant à faciliter l’intégration des nouveaux arrivants, même lorsqu’il recule, il cligne à peine des yeux.
En présentant hier son projet de « test des valeurs » devant être imposé aux immigrants dits « économiques », c’est exactement ce qu’il a fait. Il s’est limité à lier la réussite du test à l’obtention du Certificat de sélection du Québec (CSQ). Le CSQ est déjà de compétence provinciale. Justin Trudeau, conséquemment, n’y est pas opposé.
UTILE
D’où le recul. En pleine campagne fédérale, François Legault demandait beaucoup plus au gouvernement Trudeau. Notamment, le pouvoir d’imposer un test de français et un test de valeurs québécoises dont la réussite permettrait l’obtention du précieux statut de « résident permanent », lequel est de compétence fédérale. Rien de cela n’était dans l’annonce d’hier.
Ce nouveau test des valeurs sera tout de même utile. Sur le plan pédagogique, il contribuera à une intégration plus harmonieuse des nouveaux Québécois. Sur le plan politique, il leur signifiera que le Québec, malgré son éternel statut de province canadienne, n’en est pas moins une nation se voulant distincte.
DOULOUREUX
Notons cependant que même avec son coffre à outils limité, le ministre Jolin-Barrette en fait déjà beaucoup plus que les gouvernements rouges ou bleus des trente dernières années. C’est déjà ça de pris.
Pour le gouvernement nationaliste de la CAQ, son recul n’en est pas moins un douloureux test du réel. Le statut de province impose des limites concrètes aux pouvoirs décisionnels de son gouvernement. M. Legault peut demander ce qu’il veut au fédéral, mais personne n’est obligé d’obtempérer.
François Legault semble tout au moins avoir compris ceci. Le NPD ayant hérité de la balance du pouvoir, et non pas le Bloc québécois, son propre rapport de forces face à Ottawa n’est qu’une illusion d’optique.