Le recyclage pourrait être géré au privé
Le gouvernement de François Legault songe à mettre en place une vaste réforme afin d’aider les centres de tri
Québec étudie sérieusement la possibilité d’enlever la gestion des centres de tri aux municipalités pour la confier au privé.
Le ministre de l’Environnement Benoit Charette a reçu cette recommandation du comité d’experts sur la collecte sélective.
Notre Bureau d’enquête révélait en septembre à quel point le système actuel fonctionne mal et la qualité des matières récupérées est médiocre dans certains centres.
Selon différentes sources, dont certaines gouvernementales, le ministre serait « assez confortable » et « ouvert » à cette proposition. Des annonces sont attendues cet automne.
Cette modification, qualifiée « d’ambitieuse » selon divers intervenants impliqués dans le dossier, pourrait être le plus grand changement dans notre système de recyclage depuis sa création, en 1989.
Le comité a évalué la possibilité que ce soit les citoyens qui séparent eux-mêmes les matières dans un bac divisé, mais il s’est finalement ravisé.
COMME EN COLOMBIE-BRITANNIQUE
La solution suggérée sera plutôt de faire reposer la responsabilité de la gestion des matières qui se retrouvent dans le bac sur les épaules des entreprises qui mettent ces emballages sur le marché. Cela se fait déjà en Colombie-Britannique.
Actuellement, les producteurs d’emballages comme Cascades, Métro et Transcontinental financent les centres de tri en cotisant à Éco Entreprises Québec (ÉEQ), qui remet ensuite l’argent aux municipalités. S’il y a des profits, ce sont les centres de tri et les villes qui en bénéficient.
Selon la nouvelle formule, ce ne seraient plus les municipalités qui accorderaient les contrats aux centres de tri, mais les producteurs eux-mêmes par l’entremise d’un organisme de gestion.
PERFORMANCE SURVEILLÉE
ÉEQ pourrait jouer ce rôle, selon nos sources. Cet organisme veillerait sur la performance des centres de tri. Si l’un d’eux ne se montre pas à la hauteur, l’organisme pourrait faire un appel d’offres pour qu’un nouveau centre de tri ouvre dans la région.
Désormais, au lieu de vendre les matières lui-même et assumer les risques, le centre de tri pourrait les vendre à l’organisme de gestion à un prix fixe. Les producteurs d’emballages peuvent ensuite les revendre à profit ou les réutiliser.
Les villes ne seront pas totalement exclues puisqu’elles pourront conserver la gestion de la collecte sélective dans les rues et les autres services de proximité aux citoyens.
« Pour le citoyen, ça ne changerait pas, ce n’est pas ce qui est envisagé », nous confie une source gouvernementale.