Le Journal de Montreal

LE LIEN EST BEL ET BIEN ROMPU

Le triomphe des Nationals ne fait ni chaud ni froid à d’anciens membres des Expos

- François-David Rouleau FDRouleauJ­DM fdavid.rouleau @quebecorme­dia.com

La victoire en Série mondiale des Nationals de Washington laisse indifféren­ts certains anciens membres des Expos.

À commencer par le Québécois Claude Raymond. Membre des Astros de 1964 à 1967, le lanceur droitier avait également porté l’uniforme des Expos comme instructeu­r.

Déçu par les performanc­es de ses Astros, qui avaient enregistré 107 victoires en saison et gagné trois gros matchs à Washington le week-end dernier, il les croyait en voiture. La relève et le manque d’opportunis­me les ont coulés, selon lui.

Mais aussi triste pouvait-il être par le résultat final de la Série mondiale, aussi indifféren­t il l’était à l’endroit des champions. Il n’a ressenti aucun pincement au coeur.

Il ne faut pas percevoir l’amertume envers la franchise qui l’avait laissé en plan à Montréal en quittant vers le district fédéral en 2005. Le coeur brisé, il avait salué les amateurs au Stade olympique en septembre 2004. Les Nationals ne sont pas les Expos.

« Cette conquête me laisse complèteme­nt indifféren­t, a-t-il laissé savoir. Je dois par contre dire que j’aimais bien Dave Martinez (le gérant des Nationals) quand il a joué à Montréal. Je parle encore à des gens à Washington avec qui j’ai travaillé à l’époque. Je suis content pour eux. »

LIEN BOITEUX

Pierre Arsenault était l’un des six adjoints à Felipe Alou lors de l’extraordin­aire saison 1994. Celle qui a pris fin abruptemen­t à la mi-août alors que le club montréalai­s présentait un dossier de 74 victoires et 40 défaites. Après avoir battu les grandes équipes, il était destiné à se rendre sur la plus grande scène des ligues majeures.

« En 1994, nous avions une équipe très soudée. On savait qu’on pouvait battre n’importe qui. C’était une équipe jeune et parfois naïve, ce qui peut être avantageux dans le sport. On voguait sur une énorme vague. Nous étions convaincus que le meilleur était à venir », s’est rappelé Arsenault, maintenant dépisteur chez les Marlins de Miami.

Mais la grève a tout gâché. Nos Amours ne s’en sont jamais remis. Et 15 ans après avoir déménagé à Washington, les Nationals ont vécu ce grand moment.

« J’estime que le lien entre les Nationals et les Expos est boiteux, car l’équipe a commencé sur de nouvelles bases à Washington en 2005, a indiqué Arsenault, le premier Québécois à avoir remporté la Série mondiale en 2003 avec la formation floridienn­e. Le lien s’était brisé au moment de quitter Montréal. Très peu de gens de l’organisati­on à Montréal ont suivi dans la capitale fédérale. Ils n’ont rien fait pour ouvrir la porte. »

Sur le terrain, Arsenault estime que les Nationals possédaien­t les outils pour gagner, et ce, malgré la perte de Bryce Harper.

« Ça faisait deux mois que je croyais qu’ils y arriveraie­nt. Ils ont de bons lanceurs et de bons frappeurs. Ils étaient dangereux. »

BRONFMAN FAIT LA DIFFÉRENCE

En fouillant dans ses souvenirs, Stephen Bronfman se souvient du 19 octobre 1981, rebaptisé « Blue Monday ». Le circuit de Rick Monday aux dépens de Steve Rogers. Le sentiment d’échec dans le vestiaire. Le trajet en voiture vers la maison avec son paternel. Il avait 17 ans à l’époque.

« C’était le pire moment de notre vie sportive. C’était très silencieux dans l’auto, se souvient-il. Mon père avait ensuite de la misère avec (Steve) Rogers. Il faisait partie de l’Associatio­n des joueurs. Maintenant, l’eau a coulé

sous les ponts. Il faut dire que Steve est l’un des meilleurs joueurs des Expos. »

Tout comme Pierre Arsenault et Claude Raymond, M. Bronfman fait la distinctio­n entre les Nationals et les Expos. Plutôt que de ressentir la douleur d’octobre 1981 lorsque Howie Kendrick a claqué la longue balle, il a préféré voir le chemin parcouru par les Nationals depuis qu’ils sont établis dans la capitale américaine.

« J’ai repoussé mes vieux sentiments pour l’époque des Expos très loin. Je n’ai plus de peine, a témoigné l’homme d’affaires travaillan­t au retour du baseball à Montréal. L’histoire des Nationals donne espoir. Ils ont traversé la misère, gagné le match

wild card, éliminé les Dodgers et vaincu les puissants Astros à domicile.

« Cette histoire nous donne un aperçu de la puissance du sport dans un grand et important moment. C’est incroyable. »

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PHOTO AFP Les Nationals de Washington sont les nouveaux monarques du baseball majeur.
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Stephen Bronfman
Claude Raymond Pierre Arsenault Stephen Bronfman

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