GROS PLAN SUR
LA CHIRURGIE THORACIQUE
Parmi l’arsenal dont disposent les médecins pour lutter contre le cancer du poumon, la chirurgie demeure l’avenue qui offre les meilleures chances de guérison. Le professionnel le mieux placé pour réaliser cette délicate intervention? Le chirurgien thoracique, dont l’expertise permet littéralement de donner un nouveau souffle aux patients. Qu’est-ce que la chirurgie thoracique?
Le Dr Massimo Conti figure parmi la poignée de professionnels de la santé à pratiquer la chirurgie thoracique, une branche très spécifique de la médecine chirurgicale qui traite toutes les pathologies du thorax, sauf celles du coeur et des gros vaisseaux. Le Dr Conti en connaît tout un chapitre sur les maladies touchant non seulement les poumons, mais aussi la trachée, l’oesophage, le diaphragme et la paroi thoracique. Une large proportion de sa pratique porte néanmoins sur le traitement du cancer du poumon. Si les avancées de la recherche ont donné lieu à la mise au point de nouveaux traitements, la chirurgie est à coup sûr celui qui maximise les chances des patients de s’en sortir. « Les nouveaux médicaments donnent de très bons résultats et suscitent de nouveaux espoirs, confirme le Dr Conti. Ces nouveaux médicaments entraînent généralement des améliorations pour la survie des patients. À ce jour, toutefois, la chirurgie, lorsqu’elle est indiquée et possible, reste le principal traitement du cancer du poumon. L’objectif de la chirurgie est alors d’enlever la tumeur dans sa totalité. Le problème, c’est que lorsqu’on découvre le cancer, la majorité des patients ont atteint un stade trop avancé de la maladie. Le cancer est alors inopérable. » Un sur cinq. C’est environ la proportion de patients pour qui la chirurgie est possible. C’est pourquoi le cancer du poumon est si meurtrier. Parce qu’il est sournois, pas toujours facile à détecter et qu’il tend à se disséminer à d’autres organes. Une des pistes pour mieux lutter contre la maladie? Le dépistage. Voilà pourquoi, en plus des campagnes de prévention, plusieurs intervenants souhaitent que des plans de dépistage du cancer du poumon soient déployés dans la population. Plus le cancer est détecté de façon précoce, meilleures sont les chances qu’il soit opérable et, par le fait même, guérissable.
Une pratique évolutive
Pour les quelque 20 % de personnes dont le cancer est suffisamment localisé pour permettre une chirurgie, il faut prendre les bonnes décisions. Rapidement. « Quand on obtient le diagnostic, c’est une course contre la montre qui s’amorce, affirme le Dr Conti. On dispose d’une fenêtre d’opportunité et, dans un intervalle rapide, on doit prendre la meilleure décision, faire les examens appropriés. Un patient qui est opérable pourrait ne plus l’être après deux ou trois mois. »
Le Dr Conti a vu évoluer sa pratique au fil du temps. Il a dû s’adapter en cours de route. Des chirurgies ouvertes, avec de grandes incisions, il en a pratiqué. Puis les techniques se sont raffinées et les incisions nécessaires sont devenues plus modestes. Aujourd’hui, l’approche privilégiée est la chirurgie minimalement invasive. Le chirurgien fait de petites incisions pour y insérer une caméra qui diffuse sur un écran des images de l’intérieur du thorax. À partir de ces images, il réalise l’intervention avec des instruments adaptés. « Au-delà des considérations esthétiques, la chirurgie minimalement invasive permet de limiter les réactions inflammatoires. Le patient récupère plus rapidement. Sa convalescence est moins douloureuse. Sa qualité de vie en est améliorée. Et s’il doit suivre un traitement complémentaire, comme une chimiothérapie, il se trouve dans une meilleure condition pour la recevoir. »
À l’IUCPQ-UL, plus de 90 % des chirurgies sont pratiquées selon cette approche. « C’est un pourcentage parmi les plus élevés au monde, affirme le Dr Conti. La structure en place à l’IUCPQ-UL présente d’autres avantages pour les patients, notamment celui de concentrer à un même endroit des expertises variées. Par exemple, plusieurs pneumologues, cardiologues et intensivistes sont sur place, si bien que, peu importe le problème, le patient se trouve en de bonnes mains. » Des mains expertes. Tous les intervenants, tant le personnel de la clinique d’investigation que les infirmières, nutritionnistes, kinésiologues et autres ont une grande expertise pour traiter les patients touchés par le cancer du poumon.
Un exemple concret? La proximité d’un pathologiste spécialisé en maladies respiratoires. « En cours de chirurgie, si je découvre un élément inattendu, par exemple un nodule sur la plèvre ou un ganglion suspect, je peux le prélever et le faire analyser. En moins de 15 minutes, j’obtiens une réponse. Les observations du pathologiste guident alors mon acte, me permettent de prendre des décisions éclairées et d’ajuster la chirurgie. Je peux même arrêter l’intervention, échanger avec le pathologiste ou même aller le voir directement dans son laboratoire, parce que les deux espaces communiquent. C’est donc aussi ça, la chirurgie, à l’IUCPQUL : un travail d’équipe avec des experts du poumon, qui permet de prendre des décisions parfois difficiles. »