Le Journal de Montreal

Pas de lumière au bout du tunnel

- Jean-Denis Garon est professeur à l’ESG UQAM JEAN-DENIS GARON jean-denis.garon@quebecorme­dia.com

C’est presque devenu inévitable. Avec l’hiver qui s’installe, on assistera au spectacle des infrastruc­tures désuètes qui cèdent au froid. Des conduites d’eau qui explosent et des routes qui s’éventrent.

Déjà, la semaine dernière, la Ville de Montréal a annoncé un investisse­ment d’urgence de 26 millions pour réparer sa principale conduite d’eau. La situation est telle qu’un bris de la conduite est à risque d’inonder l’autoroute Ville-Marie. On en est rendus là.

Depuis 2007, le gouverneme­nt du Québec redouble d’efforts afin d’améliorer la qualité des infrastruc­tures. Une portion significat­ive des investisse­ments est dirigée vers le réseau routier et vers les municipali­tés.

Après plus d’une décennie de cônes orange, plusieurs espèrent voir la lumière au bout du tunnel. Mais ceux qui vivent d’espoir risquent d’être déçus.

LE DÉFICIT SE CREUSE

Pour garder nos infrastruc­tures à flot, les gouverneme­nts doivent investir en réparation et en entretien. Or, le Québec accuse un déficit d’entretien qui se creuse d’année en année.

Le déficit d’entretien de nos infrastruc­tures était de 17,5 milliards $ en 2017 – 2018. Cette estimation a grimpé à 20,82 milliards $, en 20182019, pour ensuite être revue à la hausse en 2019-2020. Présenteme­nt, notre déficit de maintien d’actifs est de 24,64 milliards de dollars.

Il s’agit du montant d’argent que nous devrions investir immédiatem­ent rien que pour éviter que nos infrastruc­tures ne se dégradent. Sans aucune améliorati­on de service. Et ça n’inclut que les infrastruc­tures qui sont la propriété du gouverneme­nt provincial.

MAUVAISES NOTES

Chaque année, le gouverneme­nt octroie une note à nos infrastruc­tures.

Celles classées D et E sont en situation d’échec. En termes techniques, cela veut dire qu’elles doivent pratiqueme­nt être remplacées. L’indice moyen de la qualité de nos routes est de C.

Selon les documents du Conseil du Trésor, près du tiers du parc d’infrastruc­tures du gouverneme­nt québécois n’obtient pas la note de passage. Celles-ci doivent pratiqueme­nt être changées.

NOUVELLES INSPECTION­S

Quand la CAQ a remis à jour le plan libéral des infrastruc­tures cette année, le déficit d’entretien a fait un bond de 3,8 milliards $. Et ce, malgré tous les réinvestis­sements. La principale cause de cette augmentati­on fut le poste des « nouvelles inspection­s », pour 2,6 milliards $.

Par exemple, le viaduc de la Concorde ne figurait pas parmi les infrastruc­tures les plus problémati­ques

avant qu’il ne s’effondre. Après son effondreme­nt, le ministère des Transports avait entamé une ronde d’inspection­s d’autres infrastruc­tures similaires et a ajusté le déficit d’entretien en conséquenc­e.

Aujourd’hui, ce sont les écoles qui font l’objet de nouvelles inspection­s. Aux dernières nouvelles, 54 % des établissem­ents scolaires du Québec étaient en mauvais état. Malgré cela, le gouverneme­nt planifie investir 6,1 milliards de dollars pour construire des salles de classe… dont celles des fameuses maternelle­s 4 ans.

À un moment où l’économie est au plein-emploi et où les coûts de constructi­on augmentent, plusieurs se demandent si Québec ne devrait pas mieux prioriser… Ce qui impliquera­it de tolérer plus de nids-depoule pour construire des écoles.

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PHOTO D’ARCHIVES Le déficit d’entretien des infrastruc­tures québécoise­s est gigantesqu­e. Il est actuelleme­nt évalué à plus de 24,6 milliards de dollars et il ne cesse de grimper.
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