Pas de lumière au bout du tunnel
C’est presque devenu inévitable. Avec l’hiver qui s’installe, on assistera au spectacle des infrastructures désuètes qui cèdent au froid. Des conduites d’eau qui explosent et des routes qui s’éventrent.
Déjà, la semaine dernière, la Ville de Montréal a annoncé un investissement d’urgence de 26 millions pour réparer sa principale conduite d’eau. La situation est telle qu’un bris de la conduite est à risque d’inonder l’autoroute Ville-Marie. On en est rendus là.
Depuis 2007, le gouvernement du Québec redouble d’efforts afin d’améliorer la qualité des infrastructures. Une portion significative des investissements est dirigée vers le réseau routier et vers les municipalités.
Après plus d’une décennie de cônes orange, plusieurs espèrent voir la lumière au bout du tunnel. Mais ceux qui vivent d’espoir risquent d’être déçus.
LE DÉFICIT SE CREUSE
Pour garder nos infrastructures à flot, les gouvernements doivent investir en réparation et en entretien. Or, le Québec accuse un déficit d’entretien qui se creuse d’année en année.
Le déficit d’entretien de nos infrastructures était de 17,5 milliards $ en 2017 – 2018. Cette estimation a grimpé à 20,82 milliards $, en 20182019, pour ensuite être revue à la hausse en 2019-2020. Présentement, notre déficit de maintien d’actifs est de 24,64 milliards de dollars.
Il s’agit du montant d’argent que nous devrions investir immédiatement rien que pour éviter que nos infrastructures ne se dégradent. Sans aucune amélioration de service. Et ça n’inclut que les infrastructures qui sont la propriété du gouvernement provincial.
MAUVAISES NOTES
Chaque année, le gouvernement octroie une note à nos infrastructures.
Celles classées D et E sont en situation d’échec. En termes techniques, cela veut dire qu’elles doivent pratiquement être remplacées. L’indice moyen de la qualité de nos routes est de C.
Selon les documents du Conseil du Trésor, près du tiers du parc d’infrastructures du gouvernement québécois n’obtient pas la note de passage. Celles-ci doivent pratiquement être changées.
NOUVELLES INSPECTIONS
Quand la CAQ a remis à jour le plan libéral des infrastructures cette année, le déficit d’entretien a fait un bond de 3,8 milliards $. Et ce, malgré tous les réinvestissements. La principale cause de cette augmentation fut le poste des « nouvelles inspections », pour 2,6 milliards $.
Par exemple, le viaduc de la Concorde ne figurait pas parmi les infrastructures les plus problématiques
avant qu’il ne s’effondre. Après son effondrement, le ministère des Transports avait entamé une ronde d’inspections d’autres infrastructures similaires et a ajusté le déficit d’entretien en conséquence.
Aujourd’hui, ce sont les écoles qui font l’objet de nouvelles inspections. Aux dernières nouvelles, 54 % des établissements scolaires du Québec étaient en mauvais état. Malgré cela, le gouvernement planifie investir 6,1 milliards de dollars pour construire des salles de classe… dont celles des fameuses maternelles 4 ans.
À un moment où l’économie est au plein-emploi et où les coûts de construction augmentent, plusieurs se demandent si Québec ne devrait pas mieux prioriser… Ce qui impliquerait de tolérer plus de nids-depoule pour construire des écoles.