Le Journal de Montreal

Legault avait raison

Les policiers effectuaie­nt une banale vérificati­on de routine sur un véhicule

- JEAN-LOUIS FORTIN – Avec Cédérick Caron, Éric Yvan Lemay et l’Agence QMI

Les policiers ont saisi des armes de guerre automatiqu­es il y a moins de deux mois à Kahnawake, au moment où le débat fait rage sur la présence ou non de ces fusils en territoire mohawk.

Le 7 janvier au beau milieu de l’aprèsmidi, les Peacekeepe­rs ont intercepté un véhicule qui contenait des armes interdites et ont ensuite perquisiti­onné une résidence sur la réserve située sur la Rive-Sud.

Ils ont notamment trouvé une mitrailleu­se MP40, cette redoutable arme d’assaut développée pour l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale.

Mercredi, le premier ministre François Legault avait affirmé que des « armes très dangereuse­s » se trouvaient sur la réserve et que, pour cette raison, la Sûreté du Québec ne pouvait prendre le risque d’utiliser la force pour intervenir près de la barricade érigée en soutien à la tribu de Wet’suwet’en, en Colombie-Britanniqu­e.

Si M. Legault a évoqué la présence de AK-47 à Kahnawake, les policiers mohawks ne font pas mention de ce type d’arme dans un communiqué relatif aux saisies

Ils expliquent toutefois avoir trouvé ce qui suit, en plus de la MP40 :

■ une mitrailleu­se lourde de calibre .50

■ une arme semi-automatiqu­e TEC-9

■ sept armes de poing

Plusieurs munitions et quelques liasses d’argent comptant ont également été saisies, précisent les Peacekeepe­rs.

DEMANDE D’EXCUSES

Trois hommes d’une cinquantai­ne d’années, dont un résident local, ont été arrêtés. Shawn Deer, Joseph Evrard et Ernest Clarke font face, depuis, à diverses accusation­s criminelle­s de possession d’armes interdites.

Le véhicule avait été intercepté dans le cadre d’une banale vérificati­on de routine, précisent les Peacekeepe­rs.

Malgré ces perquisiti­ons récentes, le secrétaire de la nation mohawk de Kahnawake, Kenneth Deer, a dit hier que le premier ministre du Québec devrait s’excuser pour ses propos concernant la présence de fusils d’assaut sur la réserve.

« Je crois qu’il devrait s’excuser [...]. Mais ses excuses devraient être accompagné­es de gestes », a-t-il mentionné à un représenta­nt du Journal.

M. Deer, qui se présente plusieurs fois par jour devant les médias pour donner le pouls du barrage situé près du pont Honoré-Mercier, affirme que cette déclaratio­n de M. Legault a créé un vent de solidarité dans la communauté.

« Chaque fois qu’il y a quelque chose comme l’injonction [pour démanteler le blocus] ou la déclaratio­n du premier ministre, il y a de plus en plus de gens de la communauté qui se joignent à nous », a précisé M. Deer.

ÉVITER UNE COMMOTION

Le gouverneme­nt a pour sa part délégué Ian Lafrenière, l’adjoint parlementa­ire de la ministre de la Sécurité publique, pour préciser les propos tenus la veille par M. Legault.

« Ce que [M. Legault] est venu dire, dans le fond, c’est qu’il a été briefé au niveau de la sécurité et on l’a informé que des personnes plus radicales avaient accès à des armes à feu », a expliqué à TVA Nouvelles M. Lafrenière, un ex-policier.

Si le gouverneme­nt ne souhaite pas d’interventi­on armée, « c’est parce qu’on sait qu’il y a certaines personnes qui ont accès à des armes et on ne voudrait pas créer une commotion », a-t-il ajouté.

« L’autre message qu’on envoie aux Premières Nations, c’est qu’on ne veut pas rentrer de force », a fait savoir M. Lafrenière.

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PHOTO COURTOISIE, KAHNAWAKE PEACEKEEPE­RS On voit ici le butin saisi au mois de janvier, dans une voiture et une résidence, par les Peacekeepe­rs de Kahnawake.

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