33 soldats turcs tués dans des raids à la frontière syrienne
Face à la situation extrêmement tendue, l’OTAN appelle à la « désescalade »
ANKARA | (AFP) Au moins 33 soldats turcs ont été tués hier dans la province d’Idleb, où Ankara a riposté en frappant des cibles du régime syrien, l’OTAN, dont la Turquie est membre, condamnant « les frappes aveugles du régime syrien et de son allié russe ».
Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, qui a appelé à la « désescalade », s’est entretenu avec le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu, a indiqué une porte-parole de l’OTAN. Il a appelé Damas et Moscou à « cesser leur offensive », et « exhorté toutes les parties à une désescalade de cette situation dangereuse, et à éviter que ne s’aggrave davantage la situation humanitaire épouvantable dans la région ».
De son côté, Washington a demandé hier au régime syrien et à son allié russe de mettre un terme à leur « offensive odieuse » dans la province d’Idleb.
À l’ONU, les membres occidentaux du Conseil de sécurité ont réclamé un « cessez-le-feu humanitaire », resté lettre morte face au refus de la Russie. L’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia, a jugé pour sa part que « la seule solution à long terme, c’est de chasser les terroristes du pays ».
Trente-six militaires ont par ailleurs été blessés dans des frappes aériennes qui ont visé cette région du nord-ouest de la Syrie, attribuées au régime syrien.
LA TURQUIE RIPOSTE
Signe que la situation risque d’empirer, la présidence a annoncé que l’armée turque bombardait dans la nuit d’hier à aujourd’hui des positions du régime de Bachar al-Assad en représailles à la mort des soldats turcs.
« Toutes les positions connues du régime syrien ont été prises sous le feu de nos unités terrestres et aériennes », a affirmé le directeur de la communication de la présidence Fahrettin Altun.
Les lourdes pertes essuyées par Ankara hier interviennent après des semaines d’escalade à Idleb entre les forces turques et celles du régime de Bachar al-Assad,
qui se sont affrontées à plusieurs reprises.
Ces bombardements meurtriers, qui portent à au moins 53 le nombre de militaires turcs tués à Idleb en février, risquent en outre de creuser un fossé entre Ankara et Moscou, principal soutien du régime syrien.
Avec le soutien de l’aviation de Moscou, Damas a déclenché en décembre une offensive pour reprendre le dernier bastion rebelle et djihadiste d’Idleb. Le régime et son allié russe ont mis les bouchées doubles ces dernières semaines et repris plusieurs localités dans cette province frontalière de la Turquie.
Cependant, les groupes rebelles, dont certains sont appuyés par Ankara, ont contre-attaqué et repris hier la ville stratégique de Saraqeb, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Si la Turquie s’intéresse d’aussi près à Idleb, c’est notamment parce qu’elle redoute un nouvel afflux de réfugiés sur son sol, où quelque 3,6 millions de Syriens vivent déjà.
Depuis décembre, plus de 400 civils ont été tués dans l’assaut selon l’OSDH et plus de 948 000 personnes, dont plus d’un demi-million d’enfants, ont été déplacées.