Un rêve brisé
C’est ce que m’a confié Jocelyne Dubé, l’ex-enseignante de la jeune Océane Boyer, dont le corps assassiné a été retrouvé aux abords d’une route. « Elle rêvait d’être orthopédagogue et de revenir travailler dans son école. »
LE VIDE
Ma fille a le même âge qu’Océane. 13 ans. Et, comme elle, elle a des rêves. Devenir psychologue. Grimper en haut de la tour Eiffel. Avoir assez d’argent pour acheter tout le chocolat qu’elle veut au dépanneur. Avoir des enfants. Ou pas. Elle change d’idée souvent, comme toutes les adolescentes.
Océane Boyer, elle, ne pourra plus jamais rêver. Elle ne deviendra jamais orthopédagogue. Elle ne fréquentera plus la maison des jeunes. À l’école, sa chaise sera vide. Sa chambre aussi. Le coeur de ceux qui l’aimaient encore plus.
Quand j’ai vu ses parents à la télévision et les larmes de Francis Boyer, son père, je me suis dit qu’au-delà du drame immense qu’ils traversaient, ceux-ci devraient en plus faire face aux nombreux jugements.
SOUVENONS-NOUS
Rappelez-vous Cedrika Provencher. On a dit de la famille qu’elle cherchait trop l’attention. On aurait voulu que les Provencher se fassent plus discrets. On a décortiqué leur vie. On voulait un coupable. On voulait trouver la faille.
J’imagine que ce sera la même chose avec les Boyer. On va questionner leur sortie rapide à la télévision et ce sera le procès de la mère et du père sur les médias sociaux. On va essayer de trouver ce qu’ils auraient pu faire mieux ou autrement.
La dernière chose dont ces parents endeuillés ont besoin en ce moment, c’est d’être pointés du doigt. Et sait-on jamais comment on va réagir dans une telle situation ?
Je souhaite qu’on ait la décence collective de les laisser tranquilles. Au lieu, gardons vivant le souvenir de cette jeune fille qui rêvait de devenir orthopédagogue. Elle s’appelait Océane Boyer. Et elle aura 13 ans pour toujours.