Le Journal de Montreal

La Ville cuisine gratuiteme­nt pour ceux affectés par la crise

Près de 80 bénévoles mettent la main à la pâte à Mercier, sur la Rive-Sud

- SARAH-MAUDE LEFEBVRE

Une petite municipali­té de la RiveSud offre désormais gratuiteme­nt des repas trois services à tous ses citoyens qui en font la demande, et ce, aussi longtemps que durera la crise du coronaviru­s.

Potage de légumes, macaroni à la sauce Alfredo et salade de fruits frais.

Voilà ce à quoi ont eu droit les premiers citoyens de la ville de Mercier à bénéficier de ce service temporaire de préparatio­n et de livraison de repas qui a débuté la semaine dernière.

Aînés, nouveaux chômeurs, familles en difficulté ; toutes les demandes sont acceptées sans discrimina­tion ou justificat­ion, jure la mairesse Lise Michaud.

Il suffit de s’inscrire au service pour recevoir un repas par jour sur le pas de sa porte.

« Il y a beaucoup de personnes qui ont perdu leur emploi au cours des derniers jours. Le gouverneme­nt peut bien faire ce qu’il peut, les gens n’auront pas accès au chômage tout de suite. Il faut les aider. Toute personne qui a besoin d’un repas en aura un », affirme-t-elle.

Près de 80 bénévoles, dont des nouveaux chômeurs, contribuen­t à cette initiative qui a vu le jour à la suite d’une suggestion laissée sur la page Facebook de la Ville de Mercier, il y a quelques jours.

SANS EMPLOI, ILS VEULENT AIDER

La préparatio­n des repas se fait dans les Salles du Boisé, un complexe de salles de réception fermé depuis deux semaines en raison de la pandémie (voir autre texte).

Lorsqu’ils y sont venus chercher leur dernière paie, une dizaine d’employés récemment mis à pied ont d’ailleurs proposé leurs services comme bénévoles.

On retrouve aussi à la plonge Émile Laferrière, 15 ans, qui assure préférer gratter des assiettes plutôt que de jouer à des jeux vidéo pendant la pause scolaire.

« Je suis en bonne santé. Autant en profiter pour aider les autres », lance-t-il.

Quant à la nourriture, les « marmitons de Mercier », comme ils s’appellent euxmêmes, ont pu compter sur un don de denrées d’un hôtel qui venait de fermer ses portes en raison du coronaviru­s.

« Mais les commerces locaux nous aident aussi énormément. La boucherie nous a donné 300 saucisses et la fruiterie, une palette de légumes », énumère Ugo Dieumegard­e, propriétai­re des Salles du Boisé et bénévole.

Lors du passage du Journal la semaine dernière, environ 250 repas avaient été préparés et environ 80 livrés.

Avec les installati­ons industriel­les des salles de réception, on estime avoir la capacité de préparer jusqu’à 1500 portions par jour, si nécessaire.

« Je n’ai pas de mérite là-dedans comme mairesse. C’est la communauté qui est comme ça ici. Elle est tissée serrée. Les gens aiment s’entraider et sont fiers de le faire », soutient la mairesse Michaud.

« LES GENS S’OCCUPENT DE MOI »

Pierrette Dubuc, 79 ans, était ravie mardi d’être parmi les premières à bénéficier de ce service, livré directemen­t par sa fille Lyne Bowes, une enseignant­e qui assure bénévoleme­nt le transport des repas.

« Je peux garder le bon moral. Les gens s’occupent de moi, comme vous pouvez le voir. J’ai même reçu un appel de Dominique Michel », nous a lancé la femme depuis son balcon, avant de rentrer, en riant, avec le sac contenant son repas trois services pour le souper.

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PHOTOS CHANTAL POIRIER Plusieurs bénévoles s’activaient dans les cuisines cette semaine pour préparer des centaines de repas gratuits pour les citoyens de Mercier. Pierrette Dubuc (en mortaise) fait partie de ceux qui ont pu recevoir un repas trois services, livré à sa porte.

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