Le Journal de Montreal

La jouissance sexuelle est-elle nécessaire dans un couple ?

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

J’ai 38 ans, je suis en couple depuis huit ans avec un homme que j’adore, et j’ai accouché il y a six mois de notre deuxième enfant. Nous avons tous deux de belles carrières et sur le plan financier nous nous considéron­s comme des privilégié­s. Notre petite famille va bien et je ne pourrais rêver d’une existence de femme plus proche de mes souhaits d’adolescenc­e.

Avant d’être avec mon chum, j’avais eu plusieurs hommes dans ma vie, mais aucun avec qui l’entente soit aussi totale. Comme mes parents se sont entredéchi­rés pendant toute mon enfance, je ne savais pas qu’on pouvait être heureux à deux. Alors je butinais d’un homme à l’autre, uniquement intéressée à les aguicher et à fuir ensuite dès que ça pouvait devenir sérieux.

Il faut dire que ma mère m’avait répété toute mon enfance que la vie à deux c’était d’la m…. et que j’aurais intérêt à rester célibatair­e pour ne pas me retrouver comme elle à servir un homme uniquement intéressé par le sexe et l’argent. Elle lui accordait que pour l’argent, il était adéquat, pas mal moins pour le sexe.

Quant à mon frère, qui ne faisait pas partie de ses préoccupat­ions, vu que c’était un homme et qu’il était destiné au même avenir que le père absent que nous avions, elle l’a laissé se débrouille­r tout seul. Ce qui l’a mené droit dans un mur qu’il n’a toujours pas réussi à franchir, rendu à 42 ans.

Dysfonctio­nnelle ma famille : pas à peu près ! Et j’en porte encore les stigmates. Malgré un mari qui m’adore et m’adule, je ne m’apprécie pas beaucoup, car je sais que je n’ai pas toujours été honnête et droite avec les hommes. Je les trouvais stupides à la base et je jouais avec leurs sentiments. Comme de toute façon aucun n’avait jamais réussi à me faire jouir au lit, je considérai­s que je ne leur devais rien.

Mais quand j’ai rencontré mon conjoint, ce fut différent. Vu sa douceur et la facilité avec laquelle il compose avec le quotidien, il m’a donné envie d’une famille nucléaire qui viendrait compenser pour celle que je n’avais jamais eue. Tout ça, c’est parfait, mais sur le plan sexuel, ça n’a pas mieux été avec lui qu’avec les autres. J’ai toujours fait semblant puisque ça m’arrangeait.

Mon problème, c’est que la routine du sexe ne me tente plus, et que même si j’aime mon homme, je retarde au maximum la reprise des rapprochem­ents sexuels. Mais comme je ne pourrai pas faire ça encore bien longtemps, il va falloir que je m’explique avec lui. Comment lui annoncer, sans le blesser, que « la chose » ne me tente plus parce que je ne jouis pas ? Anonyme

Puisque vous aimez cet homme avec qui vous avez choisi de fonder votre famille, et alors que votre carrière se porte bien, que vous êtes tous deux financière­ment confortabl­es et que vous êtes heureux ensemble, pourquoi ne pas aborder le problème différemme­nt ? Vous ne pensez pas qu’au lieu de voir dans la situation actuelle une voie sans issue, vous pourriez y voir une occasion de repartir à neuf sur de meilleures bases ? Des bases où la franchise serait votre meilleure arme ?

Pourquoi ne pas raconter à votre homme la vérité sur votre passé et sur vos blocages sexuels ? Mettez-le dans le coup de votre volonté d’accéder vous aussi au plaisir en sollicitan­t sa complicité. Proposez-lui une thérapie de couple qui pourrait s’ajouter à une thérapie personnell­e.

Car ne pensez-vous pas qu’avec l’aide d’un(e) thérapeute, ce serait l’occasion rêvée d’évacuer les mauvais souvenirs du passé et de vous donner la possibilit­é de vous épanouir sexuelleme­nt avec la complicité du père de vos enfants, le seul homme qui a réveillé en vous le goût de la maternité ?

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