Le Journal de Montreal

4500 couturière­s se mobilisent

Elles fourniront des masques en tissu et des uniformes au personnel d’hôpitaux et de centres médicaux

- GENEVIÈVE QUESSY Collaborat­ion spéciale

Dans un véritable effort de guerre, une armée de plus de 4500 couturière­s profession­nelles s’est mobilisée en quelques jours à travers le Québec pour fabriquer des masques et des uniformes médicaux.

Lorsque la Coopérativ­e Couturière­s Pop a lancé son appel à l’aide le 20 mars, jamais la cofondatri­ce Camille Goyette-Gingras n’aurait pensé avoir une telle réponse.

« On espérait avoir 250 volontaire­s. En 72 heures, on était déjà rendu à 1000, et maintenant je ne regarde plus la liste, ça m’angoisse ! On est rendu à plus de 4500 couturière­s profession­nelles qui ont levé la main. »

Ces couturière­s ne sont pas les seules à vouloir mettre la main à la pâte. Le Journal a recueilli plusieurs témoignage­s de Québécois qui ont décidé de s’impliquer [voir autres textes en page 4].

Déjà, 150 000 masques de procédure en tissu lavable sont en voie d’être terminés. Tout le personnel médical devra les porter pour empêcher de projeter des gouttelett­es dans l’exercice de leurs fonctions. Des uniformes, communémen­t appelés scrubs, s’ajouteront rapidement à la production.

« À titre de comparaiso­n, [la compagnie] Bauer produit 1000 masques par jour. Avec notre équipe, on a été en mesure d’en fournir 650 dès la première journée », affirme Mme Goyette-Gingras.

LA MAJORITÉ À LA MAISON

Les quatre responsabl­es du projet, Annie Dupont, Raphaëlle Bouthillet­te-Proulx, Geneviève Caron et Mme Goyette-Gingras, s’occupent de coordonner le travail des couturière­s et de les approvisio­nner en matériel. Des cellules de production sont en fonction à Québec et à Montréal, et d’autres devraient voir le jour en Mauricie et en Outaouais rapidement.

« La plupart sont chacune chez elle avec leur machine à coudre, d’autres dans des ateliers de trois à cinq personnes. Des entreprise­s nous prêtent des ateliers, en respectant les critères de distanciat­ion. Ainsi leurs employées peuvent travailler au lieu d’être en chômage ! » explique Mme Goyette-Gingras.

TRAVAIL RÉMUNÉRÉ

Toutes les couturière­s participan­tes sont payées. Si des profits venaient à être engendrés, tout serait réinvesti dans la coopérativ­e.

« On doit compétitio­nner avec l’Asie, et ses masques à 4 sous. Ça serait bien étonnant [de faire des profits] », nuance Mme Goyette-Gingras. Environ 200 personnes bénévoles contribuen­t à titre de coursiers, ou pour accomplir des tâches simples, comme de couper des élastiques.

« Service de coupe 3P a rouvert ses ateliers pour nous couper des morceaux de tissus. L’usine de MSB Prestige a aussi reparti ses machines pour nous tricoter 10,5 kilomètres d’élastiques », raconte Geneviève Caron, responsabl­e de l’équipe de production.

PAS DE PÉNURIE

Le tissu est fourni par Matériel Ubitex, et pour le moment, pas de pénurie en vue.

« Il a une pénurie pour le polypropyl­ène, mais on utilise du polycoton et de ce côté, ça va. On est en mesure de produire tant qu’il y aura un besoin », affirme Mme Goyette-Gingras, qui espère revalorise­r les compétence­s des couturière­s, ces travailleu­ses de l’ombre.

Une première livraison de masques et d’uniformes parviendra vendredi au Centre hospitalie­r universita­ire Sainte-Justine et à un centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) qui en a fait la commande.

Les équipement­s sont faits selon les directives des établissem­ents et les normes du ministère de la Santé. Trois autres CISSS ont manifesté leur intérêt.

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PHOTO COURTOISIE COOPÉRATIV­E COUTURIÈRE­S POP Julie Sauriol fait partie des 4500 couturière­s qui confection­nent des masques et des uniformes pour le personnel médical.
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