« Nos aînés ont autant d’importance »
Le docteur Horacio Arruda estime que le Québec ne peut pas imiter le scénario de la Suède
QUÉBEC | La protection des personnes âgées fait partie des valeurs québécoises, a fait valoir hier le Dr Horacio Arruda, pour expliquer la stratégie de confinement choisie par la province.
Pour lutter contre le coronavirus, la Suède a recommandé à ses citoyens la distanciation sociale et le télétravail. Mais dans ce pays du nord de l’Europe comptant 10 millions d’habitants, les enfants continuent d’aller à l’école et les citoyens de fréquenter les restaurants.
Un scénario qui n’aurait pu s’appliquer au Québec, selon le directeur national de la santé publique.
« Dans nos valeurs québécoises, nos aînés, qui ont bâti notre pays, ont autant d’importance que les plus jeunes », a-t-il affirmé hier, durant la conférence de presse quotidienne sur l’état de propagation du virus.
Le Dr Arruda s’est bien gardé de porter un jugement sur le choix de la Suède. Mais selon lui, cette stratégie est risquée puisque la COVID-19 est un tout nouveau virus qui peut « stresser » le réseau de la santé au point qu’il faille choisir de soigner un patient au détriment d’un autre.
« Si jamais on avait laissé ce qu’on appelle obtenir une immunité de masse, [une manière de] vacciner en fin de compte normalement toutes les personnes qui en auraient survécu, [il y aurait eu un nombre] de morts important chez les personnes âgées ».
Déjà, malgré les mesures de confinement strictes, les résidences pour personnes âgées du Québec sont frappées de plein fouet par le virus.
François Legault ne croit pas par ailleurs qu’on puisse comparer le Québec et le pays scandinave. « En Suède, il n’y a pas de ville de deux millions de population comme Montréal », a-t-il soutenu.
EN AVRIL, ON NE LÂCHE PAS D’UN FIL
Le premier ministre a annoncé que 8580 Québécois sont infectés à la COVID-19, soit 636 de plus que la veille.
On recense 27 nouveaux décès, pour un total de 121. Mais c’est le nombre d’hospitalisations qui a contribué à la bonne humeur qu’affichait François Legault hier.
« On a 533 personnes hospitalisées, c’est une augmentation de seulement 8. Quand on regarde les soins intensifs, on est à 164 personnes, ça veut dire une augmentation de 10, a-t-il souligné. Si on avait quelques journées comme ça, on pourrait se dire qu’on approche du sommet, donc qu’on approche de la vie normale ».
De bons chiffres qui ne doivent toutefois pas inciter les Québécois à baisser la garde devant la COVID-19. « En avril, on ne lâche pas d’un fil », a lancé le premier ministre, visiblement heureux de sa trouvaille.
DES VÉTÉRINAIRES À LA RESCOUSSE
L’inventaire de matériel médical de protection est également en hausse. M. Legault a répété que le réseau de la santé comptait suffisamment de respirateurs artificiels pour faire face à l’épidémie, même au plus fort de la crise.
Reste à savoir si les inhalothérapeutes sont assez nombreux pour faire fonctionner ces machines.
« On est en train d’en former. Si c’est nécessaire d’amener quelques vétérinaires qui savent comment opérer la machine, pas opérer le patient, mais opérer la machine, on n’exclut pas ça », a glissé le premier ministre.
JOJO SAVARD
Aujourd’hui, les autorités de santé publique doivent présenter différents scénarios de contamination envisagés pour le Québec. D’autres provinces ont déjà informé leurs citoyens des courbes d’infection anticipées du virus.
Mais le Dr Horacio Arruda n’est pas chaud à l’idée de rendre publique cette information. Hier, il n’a pas caché le malaise des scientifiques à verser dans l’astrologie.
« Quand on parle à nos experts, personne n’a le goût de présenter des scénarios. Je vais vous le dire bien honnêtement parce que les projections au-delà du 30 avril, il n’y a personne qui veut jouer à JoJo Savard », a-t-il dit, agacé.
ACCOUCHER SEULE ?
Par ailleurs, les femmes pourront continuer d’accoucher en présence de leur conjoint au Québec, sauf celles qui donneront naissance à leur bambin à l’Hôpital général juif, aux prises avec de nombreux cas de COVID-19.
« Il n’y a aucune intention du gouvernement d’étendre ces interdictions dans les autres hôpitaux », a insisté M. Legault.