Quel parlement virtuel ?
Télétravail, école à la maison, refonte du système de santé, expansion astronomique du filet social, la Covid-19 a bousculé toutes les sphères de la société.
Jusqu’ici les pouvoirs extraordinaires octroyés au gouvernement avaient semblé épargner la vie politique. L’heure est venue de la relancer. À Ottawa, on envisage même un Parlement virtuel, une reprise de la vie parlementaire au-delà des votes d’urgence sur le financement de la crise.
En effet, pendant combien de temps la démocratie peut-elle reléguer les partis d’opposition au rôle de figurants ?
Si le Parlement a siégé pendant des conflits aussi destructeurs que les deux guerres mondiales, difficile de justifier de lui retirer ses droits face à la plus grande menace de notre époque.
RÉINVENTER LA POLITIQUE ?
Le président des Communes et les différents partis évaluent comment permettre les débats sans exiger des députés qu’ils se déplacent. Or, au-delà des défis technologiques, cette crise est un test de crédibilité pour l’ensemble des politiciens.
Alors que l’obligation de résultats pèse déjà sur les épaules de Justin Trudeau et ses ministres, un retour dans l’arène forcera les partis d’opposition à ajuster leur jeu. S’il est évident que la petite politique partisane n’a plus sa place, la ligne demeure mince.
Est-il utile de remettre en question la compétence des autorités de santé publique pour avoir changé leur fusil d’épaule sur le port du masque en public ? Est-ce le temps blâmer le gouvernement pour la faiblesse du secteur manufacturier ?
En ces temps extraordinaires, les députés fédéraux sont aux premières lignes de l’aide directe aux citoyens et aux entreprises. C’est à ce chapitre qu’ils peuvent offrir une contribution inestimable. Ça aussi le gouvernement devra le reconnaître.
La Covid-19 et les choix complexes qu’elle exige offrent une rare opportunité à la classe politique de redonner confiance aux Canadiens dans leurs institutions fédérales.
Il s’agit que tous saisissent l’occasion.