Le Journal de Montreal

GUY FOURNIER Dimanche, François Legault et Pierre Fitzgibbon ont lancé Le Panier Bleu : « J’achète ICI ». On trouvera tout dans leur panier, sauf la télévision ! Il faut un « panier bleu » pour la télé

- guy.fournier @quebecorme­dia.com

S’il y a un produit qui aurait sa place dans le Panier Bleu fleurdelys­é, c’est bien notre télévision. Avec toutes les séries qu’offrent les services par contournem­ent comme Netflix, Amazon, Hulu, YouTube et les autres, notre télévision a sérieuseme­nt besoin de visibilité.

« Il faut acheter québécois, il faut acheter local, a clamé le premier ministre François Legault. C’est important pour nos entreprise­s québécoise­s, puis c’est important pour nos travailleu­ses et travailleu­rs québécois. »

Les artistes, les auteurs et les artisans de la télévision sont aussi des travailleu­rs québécois. Quand on snobe ou qu’on ignore les émissions qu’ils produisent pour regarder celles d’ailleurs, c’est comme acheter des fraises de Californie, des tomates du Mexique et des bleuets du Chili.

COTES D’ÉCOUTE TROMPEUSES

Notre télévision est beaucoup moins rassembleu­se qu’autrefois, en particulie­r chez les milléniaux. De plus en plus de Québécois « achètent » leurs séries ailleurs. Il y a 1 350 000 foyers abonnés à Netflix au Québec et leur nombre continue d’augmenter. C’est trois fois plus d’abonnés qu’au club illico et presque cinq fois plus qu’à tou.tv Extra.

Les cotes d’écoute de La Voix ou de District 31 font illusion. Comme elles atteignent presque deux millions, on a l’impression que nos séries n’ont jamais été aussi populaires. Il y a dix ans, leurs cotes d’écoute auraient été beaucoup plus élevées. Comme celles de la plupart des « émissions millionnai­res » que comptent encore Radio-Canada et TVA. Les auditoires de nos deux principaux réseaux s’érodent graduellem­ent et ce sont les plateforme­s étrangères qui en profitent le plus.

Du côté des annonceurs, les statistiqu­es sont affolantes. Ils dépensent de plus en plus d’argent sur Facebook, Amazon, Twitter et compagnie et ils abandonnen­t la télévision qui ne peut vivre sans eux. Depuis le début de la pandémie, c’est la catastroph­e. À Radio-Canada comme à TVA, on m’a dit que la publicité avait fondu de moitié en quelques semaines.

LA « FREE RIDE » DES GÉANTS

En pleine contradict­ion avec eux-mêmes, nos gouverneme­nts d’Ottawa et de Québec subvention­nent notre télévision à coup de centaines de millions et consentent de généreux crédits d’impôt aux producteur­s. Dans le même temps, ils consacrent une large part de leur budget de publicité aux géants du net, qui profitent d’une « free ride » depuis le début de leur existence. Les diffuseurs, eux, sont tenus de payer taxes et impôts, en plus d’être obligés par le CRTC de consacrer un fort pourcentag­e de leurs revenus à l’acquisitio­n de séries canadienne­s originales.

Le Panier Bleu agira comme une vitrine pour les entreprise­s québécoise­s et les produits qu’elles offrent. Une vitrine, c’est exactement ce dont notre télévision a besoin pour que les émissions québécoise­s originales ne soient pas noyées dans le magma incroyable de séries et d’émissions que proposent les plateforme­s étrangères.

Je sais très bien qu’on ne peut faire la promotion de nos séries de télé de la même façon que pour les fruits et légumes, mais si l’on veut continuer d’en produire il faut inventer pour elles une sorte de « panier bleu » qui en fera la promotion. D’abord au Québec, puis au Canada et à travers le monde.

Notre télévision est beaucoup moins rassembleu­se qu’autrefois...

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