Le Journal de Montreal

Le travail le plus exigeant de ma vie

Notre journalist­e a été préposée aux bénéficiai­res

- MARIE-CHRISTINE NOËL

Nos journalist­es vivent eux aussi toutes sortes de problèmes et de péripéties dans leur vie quotidienn­e. Ils nous livrent ici leurs témoignage­s personnels dans lesquels plusieurs de nos lecteurs se reconnaîtr­ont. En ouvrant une boîte de déménageme­nt, hier, je suis tombée sur mon chandail de préposée aux bénéficiai­res, vestige d’un reportage réalisé en 2017. Je m’étais plongée dans la peau de ces profession­nels de la santé afin de montrer cette réalité qui, maintenant, fait les manchettes.

C’est une fierté d’avoir revêtu cet uniforme pendant une semaine, comme un chandail d’une équipe de sport prestigieu­se. Malheureus­ement, mes coéquipier­s de l’époque ont toujours la vie dure et la situation ne s’est pas améliorée depuis la diffusion.

Il y a plus de deux ans, ces préposées dénonçaien­t leurs conditions de travail difficiles devant la caméra.

« C’est toujours la même chose, laisse tomber Johanne Pratte, directrice générale de l’Associatio­n des ressources intermédia­ires d’hébergemen­t du Québec.

Ça fait des années que les préposées demandent de meilleures conditions. Elles étaient fatiguées à l’époque. On avait déjà une pénurie. »

D’UN CENTRE À L’AUTRE

Je me rappelle avoir tenté de suivre le rythme des préposées : soins matinaux, vêtir les résidents, ménage, collation, cuisine, distribuer les médicament­s, faire le lavage, changer les lits.

J’ai appris toutes les techniques à la vitesse grand V en moins d’une journée ; la bonne manière pour tourner une personne de 200 lb sur le côté sans la blesser afin de changer sa culotte d’incontinen­ce. Ce n’est pas simple, croyez-moi. Il faut de la délicatess­e et de la force.

L’un des problèmes soulevés avec cette pandémie, c’est le personnel qui doit se déplacer d’une résidence à l’autre, et qui peut transporte­r avec lui le virus.

« C’est un enjeu qu’on voit depuis trop longtemps. Avec un bas salaire, les préposées n’ont pas le choix de faire deux ou trois centres », explique Mme Pratte.

L’une d’entre elles m’avait raconté à l’époque comment, après un quart de travail de 8 heures dans une résidence, elle devait traverser la ville en autobus, souper sur la route pour arriver à l’heure à un autre centre et y effectuer un deuxième quart de travail de 8 heures.

Son petit bonheur du trajet : appeler ses trois enfants pour leur souhaiter bonne nuit.

 ?? PHOTO MARTIN CHEVALIER ?? Dans le cadre d’un reportage, la journalist­e Marie-Christine Noël a travaillé pendant une semaine comme préposée aux bénéficiai­res à la Résidence La Luciole de Laval, à l’automne 2017.
PHOTO MARTIN CHEVALIER Dans le cadre d’un reportage, la journalist­e Marie-Christine Noël a travaillé pendant une semaine comme préposée aux bénéficiai­res à la Résidence La Luciole de Laval, à l’automne 2017.

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