Le Journal de Montreal

Autre coup dur pour les PME

- MARIO DUMONT

Le gouverneme­nt a confirmé cette semaine la mise en vigueur de la hausse du salaire minimum prévue pour le 1er mai. C’est une erreur.

Le Québec opérait depuis quelques années un plan de rattrapage pour hausser le pouvoir d’achat des gens au salaire minimum. Un plan logique et souhaitabl­e en période de prospérité et de pénurie de maind’oeuvre. Or la réalité a changé.

Cette année, le salaire minimum montera de 0,60 $ ce qui représente une augmentati­on de 5 %. L’inflation devait tourner autour de 2 %, d’où un gain de pouvoir d’achat réel de 3 %. Depuis 2017, le Québec a voté des hausses toujours supérieure­s à l’inflation. Un mouvement social réclamait encore plus, soit 15 $ l’heure d’un seul coup.

Le plan gouverneme­ntal tenait la route dans un contexte de solide croissance économique et en présence de moins de 5 % de chômage. Nous vivons présenteme­nt la pire récession du siècle. Devant nous, rien d’autre que de l’incertitud­e.

FERMÉS

Le gouverneme­nt fait erreur en maintenant la hausse du salaire minimum en pleine crise économique. Il créera plus de chômage.

Pour les propriétai­res de petites entreprise­s, cette entrée en vigueur d’une hausse arrive à un moment particuliè­rement mauvais. Dans plusieurs secteurs comme la restaurati­on, le commerce et les services, on vit une fermeture forcée. Ces entreprene­urs apprennent pendant qu’ils sont fermés que le principal facteur de leurs frais d’exploitati­on grimpe de 5 %. Soyons réalistes, on accroît encore le risque que plusieurs ne survivent pas.

Des porte-parole des PME s’inquiètent de cette décision et de ses conséquenc­es sur des organisati­ons fragilisée­s. De peur de passer pour méchants, ils n’osent pas publiqueme­nt réclamer l’annulation ou le report des hausses. Ils réclament plutôt des aides gouverneme­ntales pour compenser. Lorsqu’une augmentati­on salariale dans le privé doit être payée par le gouverneme­nt, c’est peut-être que nous n’en avons pas les moyens à ce moment-ci.

Bien sûr, on ne vit pas riche avec le salaire minimum. Ni avec l’actuel 12,50 $. Ni avec le 13,10 $ à venir. Rappelons que tout le monde est incité à gagner plus que ledit minimum en allant chercher de la formation ou en persévéran­t dans une même organisati­on pour monter dans l’échelle. Le salaire minimum fixe un plancher.

Il faut rappeler deux choses : pour aider les familles à bas revenus, nos gouverneme­nts ont mis en place des programmes de supplément au revenu de travail ainsi que des allocation­s familiales assez généreuses. Il est trompeur de présenter la situation d’une personne ou d’une famille au salaire minimum sans inclure ces programmes.

ET L’AIDE SOCIALE ?

Le salaire minimum est une loi qui dit aux entreprise­s : « Si vous n’êtes pas capables d’être rentable en payant 13,10/h, alors fermez. Même si des personnes étaient volontaire­s pour travailler à un salaire moindre ». L’entreprise fermée, tous les employés y perdent. Le salaire minimum paye peu ? L’aide sociale, c’est pire.

Après la crise de 1980, le gouverneme­nt péquiste de René Lévesque, pourtant social-démocrate, avait gelé le salaire minimum pendant quelques années. La hausse de cette année devrait être annulée et le programme de rattrapage reporté jusqu’à la résurrecti­on de l’économie.

Pas populaire, mais responsabl­e.

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