Cul-de-sac malgré six milliards $ alloués pour nos aînés
Est-ce par manque d’argent alloué aux CHSLD et aux résidences pour personnes âgées que l’on se retrouve aujourd’hui avec des mouroirs à la COVID-19 ?
Ou est-ce à cause d’une mauvaise gestion gouvernementale des ressources humaines et financières consacrées à l’hébergement, aux soins et aux services aux personnes âgées ?
HAUSSE DES DÉPENSES
Chose certaine, il serait malvenu de reprocher au gouvernement de François Legault d’être radin envers les services et soins à procurer à nos personnes âgées, incluant les plus vulnérables d’entre elles qui vivent dans les CHSLD.
Le gouvernement Legault va allouer cette année un budget de dépenses d’environ 5,8 milliards de dollars au « soutien à l’autonomie des personnes âgées », ce qui comprend les programmes d’hébergement, de services et de soins à domicile.
C’est 1,1 milliard $ de plus que lors du dernier budget (2018-19) du précédent gouvernement de Philippe Couillard. On parle donc ici d’une forte augmentation de 23 % en deux ans.
Il faut savoir que cette augmentation de 1,1 milliard $ en seulement deux budgets du ministre des Finances, Éric Girard, équivaut à la hausse des dépenses que le précédent gouvernement Couillard a allouée aux aînés lors des cinq budgets de son ministre Carlos Leitao.
LES REGRETS DE LEGAULT
François Legault trouve par contre qu’il n’en a pas assez fait. Malgré les augmentations importantes des budgets dans les CHSLD, beaucoup de postes ont été affichés, mais n’ont pas été pourvus.
« On est rentrés dans cette crise mal équipés et, évidemment, la situation s’est détériorée pour toutes sortes de raisons, ajoute M. Legault. Le virus est entré, on est rendus à 1800 personnes qui sont absentes dans les CHSLD, donc ça vient s’ajouter au problème qu’on avait déjà à pourvoir des postes avant la crise. »
« Qu’est-ce que j’aurais dû faire autrement, au cours des derniers mois, depuis un an et demi que je suis premier ministre ? » s’est-il demandé.
« Aujourd’hui, affirme-t-il, je l’avoue, puis je prends la pleine responsabilité, je pense que si c’était à refaire, il aurait fallu que j’augmente plus vite les salaires des préposés aux bénéficiaires, même sans l’accord des syndicats. »
Selon lui, il ne fallait pas attendre que toutes les conventions collectives du secteur public et parapublic se terminent le 31 mars dernier pour amorcer les négociations d’une hausse des salaires des préposés aux bénéficiaires.
Le 2 avril dernier, le gouvernement Legault est passé aux actes en dégageant une somme de 287 millions $ pour hausser de 8 % le salaire des « anges gardiens » qui travaillent dans les urgences, aux soins intensifs, dans les cliniques de dépistage et dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).
Mais le mal était fait.
L’AUSTÉRITÉ LIBÉRALE
Fait important à souligner sous le règne de Philippe Couillard. Dans le dessein d’assainir les finances publiques, le Québec a vécu sous une ère d’austérité lors des trois premiers budgets de ce gouvernement libéral.
Les dépenses effectuées par le réseau de la santé et des services sociaux en hébergement, soins et services destinés aux personnes âgées n’ont augmenté durant ces trois années que de 283 millions de dollars, dont 194 millions $ pour l’ensemble du programme « hébergement » en CHSLD et 89 millions $ pour le programme de soins et de services.
Le gouvernement du docteur Couillard a rectifié le tir lors des budgets suivants en injectant 490 millions $ de plus dans ces services essentiels à nos aînés.
En cinq budgets sous le règne du gouvernement Couillard, c’est donc 773 millions $ de plus qui ont été confiés à l’ex-ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette, pour qu’il réponde aux besoins des aînés en matière d’hébergement, de soins et de services reliés à la santé.
Est-ce beaucoup ? Sachez qu’au cours de ces cinq budgets de règne libéral, le gouvernement du Québec a réussi à accumuler des surplus budgétaires pour une somme totale de 21 milliards de dollars.
On conviendra que le gouvernement Couillard avait les moyens financiers d’investir davantage dans l’hébergement de nos aînés les plus vulnérables. Mais il ne l’a pas fait.
DÉBLOCAGE DE FONDS
Bénéficiant des énormes surplus accumulés sous Couillard, François Legault a jugé bon, lui, d’augmenter sensiblement les dépenses gouvernementales destinées au bien-être des aînés.
En l’espace de deux budgets, la ministre de la Santé et des Services sociaux Danielle McCann va injecter 1 milliard $ de plus dans les programmes « Hébergement » et « Soutien à domicile » visant les aînés.
Malheureusement, ces investissements additionnels n’ont pu à eux seuls servir de bouclier contre l’attaque de la COVID-19 dans les CHSLD et autres résidences pour personnes âgées.
VIVEMENT UNE ENQUÊTE PUBLIQUE
Les personnes âgées de 70 ans et plus représentent la grande majorité des victimes de la COVID-19.
Les CHSLD et les résidences de gens âgés sont devenus des mouroirs. Il y a manifestement un grave problème de gestion des ressources humaines et financières dans le réseau québécois de la santé et des services sociaux.
Seule la mise sur pied d’une commission d’enquête publique sur la catastrophique situation dans laquelle est plongé l’hébergement de nos aînés pourra un jour nous éclairer sur les véritables causes de ce triste pan de l’histoire du Québec.