Le Journal de Montreal

Nos biotechs sortent de l’ombre

Le tsunami engendré par la crise du coronaviru­s pourrait toutefois nuire à certaines entreprise­s du secteur

- SYLVAIN LAROCQUE Le Journal de Montréal

La pandémie du nouveau coronaviru­s jette les projecteur­s sur l’industrie des sciences de la vie, qui reprenait déjà du poil de la bête au Québec après une traversée du désert de plusieurs années.

« Cette crise-là a quand même un côté positif dans le sens qu’elle révèle l’importance du secteur. Je pense même que ça peut susciter des envies de carrière dans notre industrie », souligne Frank Béraud, PDG de l’organisme Montréal InVivo.

L’industrie québécoise se relève lentement mais sûrement de la fermeture, il y a une dizaine d’années, de plusieurs centres de recherche d’entreprise­s pharmaceut­iques étrangères, dont ceux des géants Merck, Pfizer et GlaxoSmith­Kline. Des entreprise­s en démarrage ont pris le relais.

L’épidémie meurtrière a rapidement mobilisé plusieurs des 56 000 travailleu­rs du domaine des biotechnol­ogies, tant à Montréal qu’à Québec. Ceux-ci ont mis leurs compétence­s au service de la recherche de médicament­s et de vaccins pour combattre la COVID-19.

Le gouverneme­nt a inclus les quelque 500 entreprise­s du secteur dans sa liste des services essentiels, de sorte que bon nombre d’entre elles ont poursuivi leurs activités normalemen­t.

« On n’est pas dans une situation où il y a des mises à pied massives, note M. Béraud. Dans l’ensemble, pour les entreprise­s dans le secteur, ce n’est pas la déroute. Ce n’est pas la catastroph­e comme dans d’autres secteurs. »

LABORATOIR­ES D’UNIVERSITÉ­S FERMÉS

Il y a toutefois une ombre au tableau. En raison des exigences de distanciat­ion sociale, les laboratoir­es universita­ires ont fermé leurs portes. Résultat : plusieurs jeunes entreprise­s ont dû interrompr­e une partie de leurs travaux.

Or, leur financemen­t dépend de l’atteinte de jalons qui prennent souvent la forme de résultats de recherche.

« Ça met une grosse pression financière sur certaines entreprise­s, relève Frank Béraud. C’est quelque chose qui nous inquiète parce qu’on ne veut pas que ces entreprise­s, qui sont potentiell­ement une solution à la crise actuelle, ne puissent pas se faire financer et continuer leur travail. »

Il y a aussi la crainte que le tsunami de la COVID-19, qui aspire actuelleme­nt des milliards de dollars de capitaux, complique le financemen­t de la recherche sur d’autres maladies.

« À court terme, c’est un risque, parce qu’on est dans un monde où il n’y a plus rien qui est pertinent, sauf la COVID », affirme Elizabeth Douville, cofondatri­ce et associée directrice du fonds AmorChem.

« J’espère qu’au-delà du cycle COVID, qui accapare 350 % de nos cerveaux, de nos énergies et de nos dollars, il y a quelque chose qui va rester sur lequel on va pouvoir capitalise­r pour notre industrie », ajoute-t-elle.

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