Le Journal de Montreal

Les dépôts un peu trop directs

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Nos gouverneme­nts devaient arriver en renfort face au cataclysme économique que la COVID-19 provoque. Si le gouverneme­nt Trudeau a été lent à fermer les frontières, on peut dire qu’il a été rapide et efficace pour remettre de l’argent dans les poches de la population.

La Prestation canadienne d’urgence (PCU) a été annoncée rapidement. Plus impression­nant encore, le gouverneme­nt a su mettre en place un système de traitement des demandes expéditif et effectuer les paiements dans un délai qui a fait taire les sceptiques.

Personne ne contestera l’extrême nécessité qui existait à ce moment-là. La majeure partie de l’économie a été fermée d’un coup pour des raisons sanitaires. Nombre de ménages se sont trouvés sans revenus pour payer l’essentiel. Le soutien du gouverneme­nt à un moment critique a permis d’éviter des drames.

TRUDEAU DIT OUI

Les besoins sont grands. Néanmoins, un gouverneme­nt ne peut pas dire oui à tout. Cette semaine, j’en suis venu à me demander si le gouverneme­nt Trudeau n’avait pas succombé à son penchant naturel à lancer de l’argent par les fenêtres.

L’annonce de 9 milliards pour les étudiants représente la goutte (ou la tasse ?) qui fait déborder le vase.

Bien que des besoins réels existent parmi les étudiants, un programme aussi coûteux m’apparaît injustifia­ble. Offrir à tous les étudiants des montants substantie­ls pour passer l’été sur le sofa du salon représente un risque.

Qui voudra travailler ? Besogner dur pour aller chercher quelques dollars de plus que l’offre de l’oncle Justin ? T’es full malade, man.

Il faut prendre en considérat­ion que la totalité des nouvelles sommes annoncées sont faites d’argent emprunté. Avec une dette qui dépassera largement les 200 milliards $, il me semble que le Canada serait arrivé à l’étape de dépenser avec un peu plus de parcimonie.

Nos jeunes vont repayer pendant une bonne partie de leur vie les dettes de cette année 2020.

LA VALEUR DU TRAVAIL

La prestation aux étudiants est si facile à obtenir qu’elle nous force à une réflexion sur l’incitation au travail qui semble perdue pour quelques mois. La PCU, par exemple, est versée sans condition en matière de volonté de travailler. Vous avez perdu votre emploi à cause de la COVID-19, donc vous y avez droit. Point.

Même si votre employeur reprend ses activités et vous rappelle, vous n’auriez pas d’obligation de retourner travailler. Même si votre téléphone sonne et qu’on vous offre du travail, il est permis de dire non et de préférer le chèque de 2000 $ de Justin Trudeau.

Tuer l’incitation au travail n’est pas sans conséquenc­e. Le Devoir nous parlait cette semaine d’infirmière­s et de préposées qui avaient perdu leur emploi en mars dans des secteurs non essentiels comme l’esthétique. Le réseau réclame les services de ces personnes formées pour aider en CHSLD. Pourquoi renoncer à la PCU pour aller se mettre à risque ?

J’ai reçu cette semaine des témoignage­s de petits entreprene­urs inquiets de trouver de la main-d’oeuvre cet été. « Difficile de compétitio­nner Justin ! » ai-je entendu.

Dans la générosité de ses programmes d’aide, Justin Trudeau a-t-il oublié qu’il faut garder un incitatif à travailler ?

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada