Les Hells perdent leur dernier bunker
L’État pourrait démolir le repaire de Sherbrooke
Plus rien n’empêche l’ancien repaire des Hells Angels à Sherbrooke, un des symboles de la violence du gang depuis 35 ans, d’être rasé de la carte.
Le bunker de la rue Wellington Sud est officiellement devenu la propriété de l’État, hier, quand la Cour suprême du Canada a rejeté l’ultime demande d’appel des motards.
Tous les repaires des Hells au Québec ont été saisis lors de l’opération SharQc en 2009, mais celui au toit rouge du secteur de Lennoxville était le seul que la bande a tenté de conserver par la voie des tribunaux.
En 2017, la Cour supérieure en a ordonné la confiscation au profit de la Procureure générale du Québec en le déclarant « bien infractionnel », mais les Hells ont contesté la décision.
« FORTERESSE IMPRENABLE »
La juge Carol Cohen avait conclu que les Hells ont utilisé cette « forteresse presque imprenable » pour faciliter leurs activités criminelles et y comploter des attentats durant leur guerre meurtrière contre les Rock Machine dans les années 1990.
Georges Beaulieu, Guy Auclair et Richard Rousseau, trois ex-Hells actionnaires de la compagnie qui détenait le bunker, ont tous été condamnés pour complot de meurtre après SharQc.
« Enfin ! On va pouvoir tourner la page », a commenté au Journal le maire de Sherbrooke, Steve Lussier, hier soir. Cette propriété que la Ville évalue à plus de 424 000 $ connaîtra vraisemblablement le même sort que les anciens bunkers des Hells à Sorel-Tracy, à Trois-Rivières et dans le quartier Saint-Nicolas, à Lévis.
DETTEDE72180$
Le Journal a appris que l’État envisage de démolir le bâtiment et de vendre ce vaste terrain résidentiel. La Ville toucherait une partie du profit de la vente pour éponger la dette de 72 180 $ en taxes municipales que les Hells traînaient depuis 11 ans.
« Ce serait tant mieux si ça arrive », a dit le maire Lussier.
C’est aussi là qu’a eu lieu la « tuerie de Lennoxville », le 24 mars 1985, quand cinq Hells en disgrâce ont été tués par balles avant que leurs corps soient mis dans des sacs de couchage lestés de béton et jetés dans le fleuve Saint-Laurent.