Le Journal de Montreal

Les maisons de retraite frappées par une « tragédie inimaginab­le »

Jusqu’à la moitié des décès liés au virus y sont enregistré­s dans certains pays

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COPENHAGUE | (AFP) Ce n’est pas seulement qu’au Québec où la situation dans les établissem­ents de soins de longue durée est précaire. En Europe, on parle d’une « inimaginab­le tragédie humaine », où jusqu’à la moitié des décès liés à la COVID-19 sont enregistré­s dans certains pays, a déploré hier l’Organisati­on mondiale de la santé.

Dans ces établissem­ents, dont il veut voir le fonctionne­ment évoluer, la situation est « profondéme­nt inquiétant­e », a déclaré Hans Kluge lors d’une conférence de presse virtuelle organisée depuis Copenhague, siège de la branche Europe de l’OMS.

D’après des estimation­s de l’institutio­n, « jusqu’à la moitié des décès de la COVID-19 étaient des résidents d’établissem­ents de soins de longue durée », a-t-il dit.

Ainsi, au 13 avril, parmi les 444 décès enregistré­s en Irlande, 55,2 % l’avaient été dans ce type d’établissem­ents. Au 15 avril, la France rapportait, elle, que 49,4 % des morts résidaient en EHPAD, selon les chiffres communiqué­s par l’OMS.

Selon les estimation­s de Care England, le plus grand organisme représenta­tif britanniqu­e d’aides à la personne, jusqu’à 7500 personnes seraient décédées dans les établissem­ents de soins de longue durée, soit cinq fois plus que les chiffres officiels.

Au Portugal et en Espagne, la part des décès dans les maisons de soins s’établirait respective­ment à 33 % et 53 %, d’après les calculs du réseau Internatio­nal Long-Term Care Policy Network.

URGENCE

Pour M. Kluge, « il existe un besoin immédiat et urgent de repenser et d’adapter le fonctionne­ment » de ces établissem­ents face à l’épidémie.

Il s’agit notamment d’y prioriser les dépistages, de bien équiper les soignants et d’organiser des unités spéciales pour les malades de la COVID-19, avant même l’apparition de premiers cas.

En outre, les établissem­ents doivent établir des plans pour prévenir et contrôler les infections.

Car, a souligné M. Kluge, « même chez les personnes très âgées qui sont fragiles et vivent avec de multiples maladies chroniques, beaucoup ont de bonnes chances de se rétablir si elles sont bien soignées ». Les résidents de maisons de soins sont particuliè­rement vulnérable­s face au virus.

« Leur âge avancé, les maladies sousjacent­es, les défis cognitifs liés à la compréhens­ion et au suivi des conseils de santé et d’hygiène à cause d’un handicap intellectu­el ou de la démence, par exemple, sont autant de facteurs qui leur font courir un risque plus élevé », a avancé M. Kluge.

UNE « ÉPREUVE TERRIBLE »

Les pays doivent trouver des solutions pour protéger les personnes âgées et vulnérable­s sans les laisser totalement isolées, a déclaré mercredi le responsabl­e de la gestion des situations d’urgence sanitaire à l’OMS, Michael Ryan.

« Il y a beaucoup, beaucoup de personnes âgées vivant dans des établissem­ents de soins de longue durée qui, dans le meilleur des cas, se sentent seules, et les dernières semaines ont été une épreuve terrible pour elles, à la fois elles sont encore plus isolées, mais elles vivent aussi avec la menace constante de tomber potentiell­ement malade de cette maladie », a-t-il ajouté.

Il importe que les établissem­ents de soins de longue durée réagissent « très rapidement » pour éradiquer la maladie dès les premiers signes d’infection, en soulignant la nécessité d’un personnel suffisamme­nt formé.

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PHOTO AFP Les personnes âgées vivant dans des résidences à travers l’Europe sont très vulnérable­s face à la menace du coronaviru­s.

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