Guerre de clochers

S’il y a une chose que je connais bien, c’est la rivalité entre Montréal et les régions. La COVID-19 exacerbe une tension qui existe depuis trop longtemps.

Je viens de Chicoutimi. J’ai grandi avec cette idée que Montréal avait tout et que nous, nous n’avions rien. Je me suis abreuvée de ce sentiment d’injustice toute ma jeunesse.

SE SENTIR À L’ÉCART

C’était facile parce que d’abord, il était toujours question de Montréal aux nouvelles. Ça, c’était quand on avait encore des nouvelles. Quand j’étais ado, on a arrêté de diffuser les bulletins régionaux à la radio. Après, ç’a été au tour des hebdos de se « nationaliser ».

Je vais dire comme mon père disait : « Hey, on s’en sacre-tu de ce qui se passe sur le boulevard Métropolitain ! »

Ce sentiment d’injustice donc, je le comprends. Je l’ai vécu. C’est difficile d’avoir l’impression d’être mis de côté sur le plan politique et économique.

CRÊPAGE DE CHIGNON

Montréal n’est pas le centre du Québec. Mais c’est là que la majorité de sa population se trouve. C’est juste un fait.

Sauf que toutes les régions devraient être importantes. Et cela devrait se traduire par des engagements économiques équitables de la part du gouvernement. Évidemment, cette équité doit tenir compte des proportions.

Je peux comprendre qu’en ce moment, des gens ont l’impression qu’ils sont confinés à cause de Montréal et que l’économie des régions est sacrifiée sur l’autel de la métropole.

Si les régions veulent être considérées quand vient le temps de prendre des décisions de santé publique, elles ne peuvent pas évacuer la réalité montréalaise de l’équation.

J’habite Montréal depuis 20 ans. J’aime dire que comme Montréalaise d’origine saguenéenne, j’ai la double citoyenneté. Comme le Québec, j’ai besoin de Montréal ET des régions.

C’est le temps d’être solidaires, pas de se crêper le chignon. On continuera à s’obstiner plus tard.