Une offensive publicitaire sans précédent pour Hydro-Québec
La société d’État va dépenser 5,8 millions $ pour convaincre les citoyens du Maine
Hydro-Québec sort l’artillerie lourde pour remporter son combat dans le Maine : la société d’État compte y dépenser pas moins de 6 millions $ en publicités d’ici aux élections de novembre, a appris Le Journal.
La tenue d’un référendum dans cet État de la Nouvelle-Angleterre concernant la construction de la ligne hydroélectrique Québec-Maine force l’entreprise publique à consacrer des sommes importantes pour convaincre les électeurs.
Ce sont près de 4,1 millions de dollars américains (5,8 M$ CA) en fonds public québécois qui figurent dans un plan d’achat publicitaire interne que nous avons obtenu. Déjà plus de 2,8 M$ CA de ces sommes ont été dépensés pour convaincre les quelque 820 000 électeurs inscrits du Maine.
Publicités télé, radio, dans les journaux et magazines locaux, affichage de bannières numériques, de vidéos et dans les résultats de recherche Google : c’est une campagne tous azimuts qu’orchestre Hydro-Québec.
« Le placement publicitaire coûte cher [car] le référendum a lieu en même temps que les élections présidentielles de novembre. Ça sera dispendieux. Ça se peut que ce soit plus (que prévu dans le plan), je ne l’exclus pas », a affirmé en entrevue le directeur de campagne d’Hydro-Québec dans le Maine, Serge Abergel. Il a précisé que ce plan est « préliminaire » et pourrait être appelé à changer.
L’objectif : « faire évoluer l’opinion que les “Mainers” ont d’Hydro-Québec d’une société étrangère inconnue qui n’est concernée que par ses propres profits, en une entreprise centrée sur l’être humain qui partage les mêmes valeurs et objectifs qu’eux et dont le produit peut contribuer de manière importante à leur bien-être », note le document préparé par les experts en communication de la société d’État.
DÉJÀ PLUS QUE PRÉVU
Déjà, les dépenses des derniers mois, la phase 1, dépassent celles prévues dans le plan. La phase deux, de loin la plus coûteuse pour Hydro, à 4,1 millions $ CA, a pour but d’expliquer à partir du mois de juillet « les avantages pour le Maine de l’hydroélectricité propre et renouvelable » fournie par la ligne New England Clean Energy Connect (NECEC).
Ces dépenses ne concernent que les achats publicitaires et excluent d’autres activités telles que le lobbying. L’entreprise a aussi été condamnée à verser une amende de 36 000 US $ (47 500 CA $) par la Commission de l’éthique gouvernementale et des pratiques électorales du Maine récemment.
C’est sans compter les sommes consacrées à la campagne référendaire par les partenaires d’affaires d’Hydro. Le comité financé par Central Maine Power a ainsi dépensé plus de 7 millions $ CA au premier trimestre de 2020, après avoir injecté 3,2 M$ CA dans la campagne au cours des derniers mois de 2019.
Les adversaires d’Hydro-Québec, financés en grande partie par l’industrie gazière, ne ménagent eux non plus aucun moyen, a rappelé M. Abergel. « On a des opposants extrêmement acharnés. »