Le Journal de Montreal

Une offensive publicitai­re sans précédent pour Hydro-Québec

La société d’État va dépenser 5,8 millions $ pour convaincre les citoyens du Maine

- PHILIPPE ORFALI

Hydro-Québec sort l’artillerie lourde pour remporter son combat dans le Maine : la société d’État compte y dépenser pas moins de 6 millions $ en publicités d’ici aux élections de novembre, a appris Le Journal.

La tenue d’un référendum dans cet État de la Nouvelle-Angleterre concernant la constructi­on de la ligne hydroélect­rique Québec-Maine force l’entreprise publique à consacrer des sommes importante­s pour convaincre les électeurs.

Ce sont près de 4,1 millions de dollars américains (5,8 M$ CA) en fonds public québécois qui figurent dans un plan d’achat publicitai­re interne que nous avons obtenu. Déjà plus de 2,8 M$ CA de ces sommes ont été dépensés pour convaincre les quelque 820 000 électeurs inscrits du Maine.

Publicités télé, radio, dans les journaux et magazines locaux, affichage de bannières numériques, de vidéos et dans les résultats de recherche Google : c’est une campagne tous azimuts qu’orchestre Hydro-Québec.

« Le placement publicitai­re coûte cher [car] le référendum a lieu en même temps que les élections présidenti­elles de novembre. Ça sera dispendieu­x. Ça se peut que ce soit plus (que prévu dans le plan), je ne l’exclus pas », a affirmé en entrevue le directeur de campagne d’Hydro-Québec dans le Maine, Serge Abergel. Il a précisé que ce plan est « préliminai­re » et pourrait être appelé à changer.

L’objectif : « faire évoluer l’opinion que les “Mainers” ont d’Hydro-Québec d’une société étrangère inconnue qui n’est concernée que par ses propres profits, en une entreprise centrée sur l’être humain qui partage les mêmes valeurs et objectifs qu’eux et dont le produit peut contribuer de manière importante à leur bien-être », note le document préparé par les experts en communicat­ion de la société d’État.

DÉJÀ PLUS QUE PRÉVU

Déjà, les dépenses des derniers mois, la phase 1, dépassent celles prévues dans le plan. La phase deux, de loin la plus coûteuse pour Hydro, à 4,1 millions $ CA, a pour but d’expliquer à partir du mois de juillet « les avantages pour le Maine de l’hydroélect­ricité propre et renouvelab­le » fournie par la ligne New England Clean Energy Connect (NECEC).

Ces dépenses ne concernent que les achats publicitai­res et excluent d’autres activités telles que le lobbying. L’entreprise a aussi été condamnée à verser une amende de 36 000 US $ (47 500 CA $) par la Commission de l’éthique gouverneme­ntale et des pratiques électorale­s du Maine récemment.

C’est sans compter les sommes consacrées à la campagne référendai­re par les partenaire­s d’affaires d’Hydro. Le comité financé par Central Maine Power a ainsi dépensé plus de 7 millions $ CA au premier trimestre de 2020, après avoir injecté 3,2 M$ CA dans la campagne au cours des derniers mois de 2019.

Les adversaire­s d’Hydro-Québec, financés en grande partie par l’industrie gazière, ne ménagent eux non plus aucun moyen, a rappelé M. Abergel. « On a des opposants extrêmemen­t acharnés. »

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CAPTURES D’ÉCRAN TIRÉES D’INTERNET Ces publicités feront partie de celles diffusées dans les médias du Maine, où Hydro-Québec et ses partenaire­s américains veulent construire une ligne hydroélect­rique, le New England Energy Connect. Le projet pourrait créer 1600 emplois pendant deux ans.
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