Le Journal de Montreal

Attention à la facture fiscale reliée aux 2000 $ du fédéral

Plusieurs millions de Canadiens ont commencé à percevoir la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Si c’est votre cas, avez-vous pensé à l’impact que cela pourrait avoir sur votre facture fiscale l’an prochain ?

- Emmanuelle Gril emmanuelle.gril @quebecorme­dia.com

La PCU est un montant mensuel de 2000 $ versé jusqu’à un maximum de quatre mois par le gouverneme­nt fédéral. Elle vise à aider les personnes qui ont perdu leur emploi à cause de la COVID-19. Pour être admissible, il faut avoir déclaré 5000 $ minimum de revenus l’an dernier ou au cours des douze derniers mois, et ne pas avoir travaillé pendant 14 jours consécutif­s pour chaque période d’un mois.

Récemment, le gouverneme­nt a élargi les critères afin que les travailleu­rs autonomes puissent y avoir droit, quand leurs revenus ont chuté sous la barre de 1000 $ par mois en raison de la perte de contrats occasionné­e par la pandémie.

DES IMPACTS DIFFÉRENTS

Si la PCU donne une bouffée d’oxygène à bien des Canadiens, il faut se rappeler qu’elle est imposable. Cela signifie que quand vous préparerez votre déclaratio­n d’impôt pour 2020, vous devrez l’ajouter dans la case des revenus. Puisqu’on perçoit ce montant brut et sans retenues à la source, il y a fort à parier que votre facture fiscale s’en trouvera modifiée.

Jusqu’à présent, certains ont avancé que c’est une somme de 25 à 30 % qu’il faudrait mettre de côté pour éponger cet impôt supplément­aire. Mais dans les faits, tout dépend des revenus que vous déclarerez pour 2020, explique David Blondeau, planificat­eur financier chez Gestion financière Blondeau.

« Les montants qui vous seront réclamés diffèrent, parfois de façon importante. L’impact est beaucoup plus grand pour les personnes qui gagnent un faible salaire », souligne-t-il

PETITS SALAIRES ET PIRES SCÉNARIOS

David Blondeau a effectué quelques projection­s pour nous aider à y voir plus clair. Prenons le cas d’une personne célibatair­e qui gagne 50 000 $ brut par an.

« Elle paiera en impôt, excluant les charges sociales, 10 000 $ par an, soit l’équivalent d’environ 830 $ par mois », indique David Blondeau. Si elle est mise à pied et qu’elle touche la PCU pendant un mois, cela représente­ra une facture fiscale supplément­aire de 71 $. Cela passe à un total de 209 $ pour deux mois, à 400 $ pour trois mois et à 647 $ pour quatre mois.

« Toutefois, si ce travailleu­r retrouve son emploi et que les retenues d’impôt restent les mêmes qu’auparavant, c’està-dire calculées sur un salaire annuel de 50 000 $, cela ne changera rien pour lui, car les retenues effectuées jusqu’en décembre 2020 permettron­t de compenser les impôts supplément­aires à payer pour la PCU », précise David Blondeau.

En revanche, avec un salaire de

28 000 $ brut, la PCU va constituer un enrichisse­ment par rapport aux revenus habituels. Dans cette situation, la facture fiscale augmente de 218 $ supplément­aires pour un mois, de 437 $ pour deux mois, de 655 $ pour trois mois et de 873 $ pour quatre mois.

Et puisque les retenues d’impôt sont faibles pour cette tranche de salaire, on ne pourra pas compenser ces montants quand on retournera au travail.

« Les pires scénarios concernent ceux qui ont un salaire de 2000 $ net et moins par mois. S’ils reçoivent 2000 $ brut de PCU, ils devront payer plus d’impôt, car ils s’enrichisse­nt », prévient David Blondeau.

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